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16/12/2019

Amélie Nothomb : Soif

amélie nothombAmélie Nothomb, née Fabienne Claire Nothomb en 1966 à Etterbeek (Bruxelles), d’un père diplomate,  est une femme de lettres belge francophone. Après une première année universitaire en droit, elle obtient une licence en philologie romane à l'Université libre de Bruxelles, et envisage un moment la carrière d'enseignant, passant l'agrégation. En 1992, elle commence sa carrière d'écrivain avec un premier roman, Hygiène de l’assassin, suivi de beaucoup d’autres depuis. Elle écrirait, dit-elle, quatre romans par an pour n’en publier qu’un ! Soif est son vingt-huitième et dernier roman paru.

« J’ai toujours su que l’on me condamnerait à mort. » Ainsi débute ce roman où Amélie Nothomb revisite la Passion du Christ, le procès, le calvaire, la crucifixion, la mort et la résurrection en cent-cinquante petites pages. Et d’emblée ce qui m’a séduit, dès cette première phrase, c’est le ton et la forme adoptés par l’écrivaine. 

Jésus est le narrateur, Nothomb dans la peau du Christ, l’image est déjà renversante en elle-même et elle est confortée par le style ; l’écriture de l’auteure est telle qu’on la connait, vive, faite de courtes phrases, légère dans la forme, ce qui crée une opposition osée avec le fond, la souffrance insupportable endurée par le martyr. 

Le lecteur, grâce au stratagème de l’écrivaine va vivre une expérience virtuelle : tout le monde (ou presque) connait cet épisode du Nouveau Testament, soit par sa religion, soit par les films et récits divers, mais ici nous le vivons de l’intérieur. Nous sommes plongés dans les pensées du Christ, loin des discours officiels ou des textes religieux. Jésus est un homme, certes un homme à la réalité augmentée mais un homme quand même, avec des sensations que tout un chacun peut comprendre, il a un corps, il a une âme. Ce qu’il pense de sa mère, de son père, de Marie Madeleine, des apôtres, de Ponce Pilate, nous est révélé par l’imagination loin d’être loufoque d’Amélie Nothomb.

Certains passages sont carrément hilarants, comme les dépositions des témoins à charge lors du procès, il y a aussi de la joie quand Jésus s’émerveille devant son premier miracle consistant à changer l’eau en vin ! Et l’on en vient à la soif, une expérience mystique sublime quand on prend le temps de l’analyser – ce que fait l’écrivaine.

Les aphorismes s’enchainent ouvrant des portes sur des réflexions sur la nature humaine, cette drôle d’espèce (« soit des salauds qui ont des opinions, soit des âmes généreuses qui ne pensent pas »), ou bien sur la mort évidemment (crémation ou enterrement ?) avant de s’interroger in fine sur le mystère de la foi tout en contestant le fait que le sacrifice du Christ soit un acte d’amour.

En vérité, je vous le dis, il s’agit très certainement d’un des meilleurs romans d’Amélie Nothomb.

 

« Tentez cette expérience : après avoir durablement crevé de soif, ne buvez pas le gobelet d’eau d’un trait. Prenez une seule gorgée, gardez-la en bouche quelques secondes avant de l’avaler. Mesurez cet émerveillement. Cet éblouissement, c’est Dieu. Ce n’est pas la métaphore de Dieu, je le répète. L’amour que vous éprouvez à cet instant précis pour la gorgée d’eau, c’est Dieu. Je suis celui qui arrive à éprouver cet amour pour tout ce qui existe. C’est cela, être le Christ. »

 

amélie nothombAmélie Nothomb   Soif   Albin Michel – 152 pages –

 

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