H.P. Lovecraft : Les Rats dans les murs

L’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft (1890-1937), l’un des maîtres du fantastique et l’un des précurseurs de la science-fiction est à présent considéré comme l'un des écrivains d'horreur les plus influents du XXe siècle avec Edgar Allan Poe. « Le plus grand artisan du récit classique d'horreur du vingtième siècle » selon Stephen King. Les Rats dans les murs est une nouvelle d'horreur fantastique publiée pour la première fois en 1924 dans un magazine après un premier refus d’un confrère au motif : « trop horrible pour la fragile sensibilité d’un public habitué à des choses délicates. »

Le narrateur, Delapore, qui vivait aux Etats-Unis où il a fait fortune, part pour l’Angleterre quand il apprend qu’il a hérité du prieuré d’Exham, demeure de ses ancêtres. La grande bâtisse est en ruines et nécessite d’importants travaux de restauration avant qu’il ne s’y installe avec domestiques et chats. Il commence à compiler de multiples informations généalogiques sur sa famille et a écho de rumeurs malveillantes et étranges sur ses ancêtres, haïs des gens des environs et à l’origine de l’exil, non expliqué, de l’un d’eux vers les Etats-Unis.

Bien vite la quiétude des lieux est troublée par de mystérieux bruits, comme une cavalcade de rats dans les murs, qui rend fou les chats et leur fait dresser les poils sur le dos et sortir les griffes. Avec le concours d’Edward Norrys, un Anglais qui fit la Guerre (14-18) et ami de son fils qui y perdit la vie, le narrateur explore les lieux nuitamment pour découvrir l’origine de ces bruits.

Dans les caves ils découvrent un caveau secret sous les fondations et décident de se faire épauler par des savants et des archéologues, ce qui apporte au récit une touche de sérieux et de scientifique ! La petite troupe s’enfonce dans les profondeurs et tombe sur une première immense salle jonchée de centaines ou plus de squelettes ! Ossements datant de plusieurs et très lointaines époques, rongés par ce qui semble être des rats.

L’horreur ne fait que débuter pour le narrateur qui réalise que ce qu’il avait pris pour des rumeurs lors de ses recherches généalogiques était véridique et qu’il est le dernier descendant de cette lignée maléfique… Et qu’il est impossible d'échapper aux marques laissées par les crimes de ses aïeux !

Une excellente nouvelle qui se lit vite car exempte de digressions ou détails superflus mais surtout parce que le lecteur est pris par ce récit plus qu’effrayant.

 

« … dans les légendes villageoises, le château qui fut érigé sur les fondations de l’ancien temple et du vieux prieuré n’évoque rien d’autre que la malfaisance et l’effroi. Quant aux histoires que l’on avait coutume de raconter au coin du feu, elles offraient des descriptions particulièrement macabres, d’autant plus sinistres d’ailleurs que tout y était enveloppé d’une atmosphère de réticence et de réserve nébuleuse où se devinait la plus grande terreur. Mes ancêtres y étaient dépeints sous les traits d’une race de démons héréditaires en comparaison desquels Gilles de Rais et le marquis de Sade semblaient de véritables novices, et le bruit courait qu’ils étaient responsables de la disparition inopinée de plusieurs villageois au fil des générations. »

 

 

H.P. Lovecraft   Les Rats dans les murs   Gallimard La Pléiade   - 23 pages -          

Traduction par Thomas Constantinesco