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13/06/2024

Richard Wright : L’Homme qui vivait sous terre

Richard Wright, Jean-Paul Sartre, Richard Wright (1908-1960) est un romancier, poète, essayiste et journaliste afro-américain naturalisé français. Petit-fils d'esclave, Richard Wright naît au sein d'une famille métissée (afro-américaine, blanche et indienne Choctaw) sur le territoire de Natchez. Richard est le fils de Nathan Wright, un métayer illettré et d'Ella Wilson Wright, une institutrice remplaçante. En 1913, son père sombre dans l'alcoolisme et abandonne sa famille, en 1918 sa mère est victime d'un AVC, Richard et son frère vont se réfugier chez leur grand-mère maternelle, une adventiste du septième jour qui vit dans l'Arkansas. Richard connait une éducation erratique allant d'école en école, pour enfin se fixer et suivre des cours à la Smith-Robertson Junior High School où il obtiendra son diplôme de fin d'étude avec félicitations. Son premier roman, Un Enfant du pays (1940) lui confère une renommée immédiate et à partir de 1946, il vit à Paris où il est accueilli par Jean-Paul Sartre. L’Homme qui vivait sous terre, écrit dans les années 1940, était une nouvelle au départ, cette réédition restitue son intégralité et en fait un roman.

Fred Daniels, un jeune Noir avec une épouse enceinte, mène une vie honnête, un job régulier et il participe aux activités de son église. Un soir, rentrant de son travail, il est arrêté par trois policiers qui le soupçonnent d’avoir assassiné et volé un couple habitant proche de son lieu de travail. Tabassé, ahuri par ce qui lui arrive, Fred signe des aveux. Un concours de circonstance heureux lui permet de s’évader et il trouve refuge dans les égouts de la ville…

La première partie du roman est menée à un rythme haletant. L’arrestation sans aucun fondement, la brutalité des policiers, l’ahurissement de Fred devant ce qui lui arrive et le sentiment pour le lecteur que les carottes sont cuites pour lui, que rien ne pourra le sauver de cette injustice exaspère au plus haut point. Des flics paresseux ramassent un Noir qui passe et l’affaire est bouclée, grrrr !

Réfugié dans les égouts, le moribond « se sentit à l’abri, enfin hors d’atteinte des trois hommes qui l’avaient torturé et lui avaient extorqué de scandaleux aveux ». Dans le noir, avec quelques pochettes d’allumettes, risquant à tout instant d’être emporté par le flot nauséabond, Fred va s’inventer une nouvelle vie. Il dégotte une sorte de petite caverne qui devient son chez lui et s’infiltrant par les sous-sols et la destruction de quelques briques, il entre dans des boutiques et vole, non pour le gain mais pour le geste, des liasses de billets dans un coffre, là des diamants chez un bijoutier, ici un petit poste de radio, se retrouvant à la tête d’une richesse ironique ! Les billets sont collés sur les murs de sa grotte et les diamants sont un tapis rutilant de mille feux… Dans son antre, ce monde parallèle, Fred perd le contact avec la réalité, sa personnalité se modifie. Quand ses vols provoqueront des injustices, un suicide et une arrestation d’innocent par les mêmes flics qui l’avaient tabassé, Fred disjoncte et décide de se rendre.

La dernière partie du roman, touche au mysticisme et s’achève dramatiquement.

Le roman nous plonge dans l’Amérique raciste du milieu du XXe siècle, mais difficile d’y voir une grande différence avec la situation actuelle. En plongeant son héros sous terre, Richard Wright nous fait ressentir la sensation d’enfermement perpétuel subie par cette catégorie sociale qui malgré tout trouve les moyens de survivre et de se reconstruire un monde, à part certes, mais personnel.

Un excellent roman, suivi de Souvenirs de ma grand-mère, un essai qui traite de façon très intellectuelle l’origine du roman que l’on vient de lire, où il est question de « parenté entre folie et religion », de jazz et de surréalisme.

 

« Quand il eut terminé, il se mit au centre de la pièce et s’émerveilla : les murs flamboyaient d’un feu jaune-vert indescriptible. Cette pièce allait devenir sa cachette principale. Entre le monde qui l’avait rejeté et lui se tiendrait désormais ce symbole ironique. Il n’avait pas volé l’argent, il s’était simplement servi, comme un homme qui ramasse du bois en forêt. Car c’est ainsi que lui apparaissait désormais le monde d’en haut, comme une forêt sauvage où rôdaient la mort et les bêtes sauvages. »

 

 

Richard Wright, Jean-Paul Sartre, Richard Wright   L’Homme qui vivait sous terre   Christian Bourgois Editeur  - 235 pages –

Version intégrale suivie de Souvenirs de ma grand-mère

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Azoulai

Commentaires

Je connaissais Black Boy du même auteur (que j'ai dû lire au collège) mais c'est tout

Écrit par : je lis je blogue | 13/06/2024

Répondre à ce commentaire

C’est la première fois que je lis cet écrivain et ce bouquin est vraiment excellent ! Je le recommande chaudement à tout le monde…

Écrit par : Le Bouquineur | 13/06/2024

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