13/01/2025
Virginia Woolf : Les Vagues
Virginia Woolf, pseudonyme d’Adeline Virginia Alexandra Stephen (1882-1941), est une femme de lettres anglaise, l'une des principales auteures modernistes du XXe siècle. Bisexuelle et féministe, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais. Les Vagues est un roman paru en 1931.
Ils sont six amis, trois hommes et trois femmes, Bernard, Neville et Louis, Rhoda, Jinny et Susan. Nous les suivrons, de l’enfance à la vieillesse à travers leurs parcours, leur vie et les relations qui les unissent les uns aux autres. Ca, c’est l’idée générale du bouquin mais un livre assez complexe à lire et qui ne s’adressera qu’à des lecteurs expérimentés. Si certains ont tenté de le lire et lâché l’affaire rapidement, n’ayez pas honte, Virginia Woolf reconnaissait elle-même que c’était « le plus difficile et le plus complexe de ses livres ».
Le texte est une série de soliloques ou de monologues des uns et des autres qui s’enchaînent, ce qui, surtout au début du roman est particulièrement perturbant pour le lecteur, ce que l’époux de l’écrivaine confirmait en déclarant que les cent premières pages étaient « d’une difficulté extrême ». Si vous vous êtes cramponné à ce début, vous vous habituerez à la forme du récit ensuite et les personnages commenceront à prendre forme et vie.
Au fil des années qui passent nous découvrons que Bernard est, un conteur, enfant il imaginait déjà avoir plus tard un calepin où il inscrirait « ses belles phrases » ; Neville, un intello homosexuel ; Louis, Australien fils de banquier, est le plus jeune de la bande ; Susan, fille de pasteur ; Jinny est volage ; Rhoda, orpheline de père, une solitaire. Certains se marieront, certains vont décéder, certains auront des liaisons entre eux… Les personnages annexes (épouses/époux/enfants) sont ignorés du récit, à l’inverse un septième membre de la bande, plane au-dessus du récit comme une ombre, Percival, parti aux Indes il y est mort. On devine que l’absent avait un ascendant certain sur la troupe, une sorte de classe naturelle qui en faisait un être à part. Aujourd’hui qu’il n’est plus là, si ce n’est dans leurs souvenirs persistants, le constat est rude « Mais sans Percival, rien n’a de solidité ». Les portraits qui se dessinent résultent des pensées secrètes de chacun. A la fin du roman, Bernard résume leur vie commune, de l’enfance à l’université, les mariages et la vieillesse…
Exploration de la nature humaine, corrélant l’identité individuelle au groupe, ces six personnages n’en seraient-ils pas qu’un seul ? On ressent aussi beaucoup de solitude chez chacun et ils arrivent à la combattre en restant un groupe uni, lié par leur passé. Roman résolument psychologique, avec un zeste de Proust pour la profondeur de l’analyse, même si les deux n’ont pas grand-chose en commun.
« Et en moi aussi la vague monte. Elle s’enfle ; elle fait le gros dos. Je sens renaître en moi une fois encore un désir neuf, quelque chose qui monte au-dessous de moi comme le fier cheval que le cavalier éperonne et retient tour à tour. Quel ennemi voyons-nous à présent s’avancer contre nous, toi que je chevauche ? C’est la mort. La mort est l’ennemi. »
Virginia Woolf Les Vagues Gallimard La Pléiade Œuvres romanesques Tome 2 - 198 pages -
Traduction par Michel Cusin revue par Adolphe Haberer
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : virginia woolf | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
Commentaires
Un de mes préférés (à relire? ^_^)
Écrit par : keisha | 13/01/2025
Répondre à ce commentaireJ’ai lu beaucoup de romans de l’écrivaine mais celui-ci est loin d’être de mes préférés, je dirais même plus c’est l’inverse ! Un avis personnel qui n’a rien à voir avec la qualité intrinsèque du bouquin. Les deux livres de Woolf que je n’aime pas trop sont dans l’ordre « Orlando » qui me tombait des mains et il a fallu plusieurs tentatives avant que je n’en vienne à bout et « Les Vagues » dont la structure narrative a gâché ma lecture.
Écrit par : Le Bouquineur | 13/01/2025
De Virginia Woolf, je n'ai lu qu'un petit texte de fantaisie. Je pense que je ne commencerai pas par Les vagues du coup.
Écrit par : je lis je blogue | 13/01/2025
Répondre à ce commentaireEffectivement ce ne serait pas une bonne idée de commencer par ce roman. A mon avis le mieux est de débuter avec « Mrs Dalloway ».
Écrit par : Le Bouquineur | 13/01/2025
Moi j'ai plutôt aimé cette structure qui donne, je trouve, un rythme particulier au récit. Et je rejoins complètement ta conclusion : on ressent une grande solitude et en même temps, de manière assez paradoxale, on a parfois l'impression que ces 6 ne font qu'un... cet élément m'a marquée.
Écrit par : Ingannmic | 13/01/2025
Répondre à ce commentaireÉcrire un commentaire