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27/02/2025

Mariana Enriquez : Les Dangers de fumer au lit

Mariana EnriquezMariana Enriquez, née en 1973 à Buenos Aires, est une journaliste, romancière et nouvelliste argentine. Elle fait partie du groupe d'écrivains connu sous le nom de « nouveau récit argentin ». Les Dangers de fumer au lit est un recueil de douze nouvelles, paru en 2019.

Un bouquin parfait pour les lecteurs appréciant l’originalité, l’originalité corsée et étrange, où horrifique et surnaturel sont les outils utilisés par l’écrivaine pour évoquer nos peurs intimes, le monde des marginaux et des thèmes universels.

Presque tous ces textes se déroulent en Argentine, exceptés deux, l’un à Barcelone (Rambla triste), l’autre à Ostende (Le mirador), où les différents personnages centraux sont des femmes, presque toujours très jeunes, des adolescentes. Personnellement, j’ai trouvé la moitié des douze nouvelles excellente et les autres très bien, sauf celle qui donne son titre au recueil, assez quelconque selon moi. Outre l’originalité de ces écrits c’est qu’on n’en peut jamais deviner la fin, ceci découlant de cela.

Sans entrer dans le détail de chaque nouvelle, il y a dans plusieurs des fantômes qui viennent hanter des jeunes filles (L’exhumation d’Angelita, Le mirador), voire des fantômes d’enfants martyrs (Rambla triste) ; une sorcière qui a failli (Le puits) ; des jeunes qui disparaissent, morts, puis qui réapparaitront (Les petits revenants) ; des gamines qui jouent avec une planche de Ouija à leurs risques et périls (Quand on parlait avec les morts) ; deux adolescentes tellement fans d’une star du rock, qu’après son suicide, elles le déterrent pour le manger ! (Viande) ; un vidéaste qui filme, à la demande de la mère, une jeune fille endormie qui fait des crises de somnambulisme érotique (Ni anniversaires ni baptêmes) ; Une jeune fille qui prend son pied à l’évocation de maladies cardiaques en écoutant des cœurs branlants, « Je suppose que les femmes et les hommes normaux éprouvent du plaisir en écoutant jouir des personnes du sexe qui leur plaît ; moi, c’est en entendant le pouls de ces cœurs détruits » (Où es-tu mon cœur) etc.

Monde des marginaux, fantômes, sorcières, érotisme et sexualité, cannibalisme, mort omniprésente créent une ambiance de peur ou mettent le lecteur mal à l’aise, ressenti amplifié par la violence ou les traumatismes souvent présents (viol, victime tuée par des chiens sauvages …) La critique sociale est aussi abordée, directement ou non, les marginaux étant des exclus de la société, mais ceux qu’on ne veut pas voir peuvent se rebiffer méchamment, comme ce clodo chassé brutalement d’un quartier huppé, déclenchant une suite d’évènements improbables où tout le quartier sera frappé par la ruine et la malédiction (Le caddie). Enfin et surtout, puisque tous les personnages sont féminins et souffrent, Mariana Enriquez met en évidence les dangers et les défis auxquels sont affrontées les femmes.

Un bon bouquin.

 

« - Je ne m’en souviens pas très bien, mais plus ou moins les Japonais croient qu’après la mort les âmes migrent vers un lieu où le nombre de places est limité, disons. Et quand cette limite est atteinte, quand il n’y a plus de place pour les âmes, elles reviennent dans ce monde. Ce retour annonce la fin du monde en réalité. Pedro demeura silencieux. Il pensait à la photo de Guachin, qu’il avait vue au tribunal, la poitrine écrasée sur la route et les jambes coupées en trois morceaux. – Ils ont une conception sacrément immobilière de l’au-delà les Japonais. » [Les petits revenants]

 

 

Mariana EnriquezMariana Enriquez   Les Dangers de fumer au lit   Points  - 220 pages –

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet

Commentaires

Oui, un bon bouquin, avec des textes plus réussis que d'autres (comme c'est presque toujours le cas avec les recueils de nouvelles). Tu n'as plus qu'à lire son excellent roman, Notre part de nuit, om l'on retrouve pas mal des ingrédients qu'elle utilise ici.

Écrit par : Ingannmic | 27/02/2025

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Je crois que c’était encore chez toi que j’avais noté ce bouquin, alors je vais noter son roman puisque tu me le conseilles…

Écrit par : Le Bouquineur | 27/02/2025

J'ai beaucoup aimé son premier recueil de nouvelles, Ce que nous avons perdu dans le feu, mais lorsque j'ai commencé celui-ci, j'ai eu l'impression de relire le même, tant l'univers décrit était le même... Je reste donc sur ma première (très bonne) impression.

Écrit par : Kathel | 27/02/2025

Répondre à ce commentaire

Ah ? Un bémol intéressant car c’est effectivement le risque avec les bouquins trop originaux… J’en tiendrai compte si je dois poursuivre avec cette écrivaine.

Écrit par : Le Bouquineur | 27/02/2025

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