18/12/2025
Jonathan Coe : Les Preuves de mon innocence
Jonathan Coe, né en 1961 à Birmingham, est un écrivain britannique, diplômé d’une maîtrise et d’un doctorat en littérature anglaise. Il écrit surtout des romans inspirés des réalités sociétales et politiques du Royaume-Uni des XXe et XXIe siècles avec leurs implications sur la vie de ses compatriotes, reflétées par l'analyse psychologique des personnages. Il doit sa notoriété à la publication, en 1994, de son quatrième roman, Testament à l'anglaise.
Son dernier roman, Les Preuves de mon innocence, sorti il y a quelques mois est un polar en mode comédie avec plein d’autres choses dedans.
Grande-Bretagne en 2022. Lors d’un colloque entre ultraconservateurs se déroulant dans un manoir du nord de l’Angleterre, Christopher Swann, blogueur progressiste est assassiné, sauvagement poignardé. L’enquête est menée par l’inspectrice Prudence Freeborne, amatrice de repas bien arrosés, qui devait partir à la retraite. De leur côté, Phyl et Rashida, l’une aspirante romancière, l’autre fille de la victime, mènent leurs propres investigations.
Jonathan Coe mêle habilement le polar, comme on le voit avec ce court résumé, la satire politique avec les origines du Brexit et les retournements de veste idéologiques d’anciens intellectuels de gauche vers un conservatisme radical, nous sommes durant les quelques semaines (6 !) du mandat de Liz Truss comme premier ministre et le décès de la reine Elisabeth, et la comédie pour dresser un portrait pas très aimable de l'Angleterre contemporaine.
Montée des extrêmes et désinformation, trahison des élites, la nostalgie d’un conservatisme pragmatique disparu, et l’influence des discours ultraconservateurs et populistes sur l’opinion publique, société secrète d’extrême-droite à Cambridge prônant « un projet de privatisation totale du système de santé », deux meurtres à plus de trente ans d’écart pouvant être liés, la série Friends… L’écrivain jongle avec tous ces thèmes avec une facilité déconcertante, un ton léger ponctué de traits d’humour (« C’était un boomerang, ajouta-t-elle. Et comme vous n’avez pas mis assez de timbres, il vous est revenu deux semaines plus tard ») ou d’ironie, voire d’absurde, pour croquer une société britannique en plein malaise.
La fin du roman est un peu longuette mais le roman reste une lecture extrêmement plaisante et bien enlevée.
« Il y avait quelques certitudes : Peter Cockerville avait exigé la destruction de toutes les épreuves de Mon innocence. Le week-end de son suicide, il avait changé d’avis à propos de quelque chose et écrit à son éditeur pour amender le manuscrit. Quelques années auparavant, il avait affirmé à Bruno Collier qu’il n’aurait jamais le courage de se donner la mort. (…) Et il restait une inconnue de taille : est-ce que tout ça – n’importe quoi dans tout ça – avait un rapport, de près ou de loin, avec la mort de Chris à Wetherby Hall, trente-cinq ans plus tard ? »
Jonathan Coe Les Preuves de mon innocence Gallimard - 477 pages -
Traduit de l'anglais par Marguerite Capelle
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : jonathan coe | Lien permanent | Commentaires (2) |
Facebook |


Commentaires
Écrit par : keisha | 18/12/2025
Répondre à ce commentaireÉcrit par : Cath L | 18/12/2025
Répondre à ce commentaireÉcrire un commentaire