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29/08/2017

Amélie Nothomb : Biographie de la faim

amélie nothombAmélie Nothomb, née Fabienne Claire Nothomb en 1966 à Etterbeek (Bruxelles), d’un père diplomate,  est une femme de lettres belge francophone. Après une première année universitaire en droit, elle obtient une licence en philologie romane à l'Université libre de Bruxelles, et envisage un moment la carrière d'enseignant, passant l'agrégation. En 1992, elle commence sa carrière d'écrivain avec un premier roman, Hygiène de l’assassin, suivi de beaucoup d’autres depuis. Elle écrirait, dit-elle, quatre romans par an pour n’en publier qu’un ! Biographie de la faim date de 2004.

Autobiographie romancée, Amélie Nothomb revient sur ses jeunes années. Dans les pas de son père diplomate, nous la suivons, de sa prime enfance au Japon, puis successivement à Pékin du temps de Mao, New York, au Bengladesh, en Birmanie, au Laos, puis Bruxelles avant son retour, devenue jeune adulte, à Tokyo, puisque tel est le destin d’Amélie.

S’il est question de faim ici, il faut le prendre dans le sens global, faim physique autant que spirituelle ; soif extrême, d’eau comme d’alcool ; et à ces extrêmes viendra s’ajouter comme pour les annuler, l’anorexie. Récit du passage de l’enfance à l’adolescence avec ses travers, ses exagérations qu’on pourrait considérer comme classiques, si ce n’était Nothomb qui tenait la plume. Car je ne peux que m’interroger, est-ce que tout ce qui est relaté dans ce livre est vrai ? Le plus extravagant étant son penchant immodéré pour l’alcool : à dix ans, alors qu’elle vit à New York, « Nos tirelires furent cassées pour aller dans les bars boire des Irish coffees, des whiskies sour on the rocks, des cocktails aux noms hirsutes. » Heu… ? C’est en cela que je considère ce texte comme romancé. Et de manière plus générale, le décalage entre son âge et ses réflexions ou attitudes étonne plus d’une fois.

Mais qu’importe, nulle part il n’est écrit que ce bouquin est une autobiographie. Par contre nous avons un très beau texte sur le passage à l’âge adulte et ces années perturbantes (ou perturbées par un viol, évacué ici en une phrase) qui forgent nos personnalités. De nombreux livres traitent ce sujet mais Amélie Nothomb le fait avec son talent si particulier : une écriture limpide et aérienne ponctuée de mots rares, des extravagances côtoyant des réflexions profondes mais concises. Bref, un talent qui sait marier la légèreté – texte court et facile à lire – avec la profondeur. Tous les bouquins de Nothomb ne sont pas intéressants (il y en a trop) mais tous ceux que j’ai lus sont toujours très agréables à lire. Et de mon point de vue, ses meilleurs sont ceux où elle parle, peu ou prou, d’elle, comme ici…

 

« Nishio-san priait sans conviction. Je lui demandai de m’expliquer la religion shinto. Elle hésita, puis sembla décider qu’elle n’allait pas s’encombrer de longs discours, et me répondit : - Le principe, c’est que tout ce qui est beau est Dieu. C’était excellent. Je trouvai étonnant que Nishio-san ne fût pas plus enthousiaste. Par la suite, j’apprendrais que ce principe avait élu pour suprême beauté l’Empereur, qui était plutôt moche, et je compris mieux la mollesse religieuse de ma gouvernante. »

 

amélie nothombAmélie Nothomb  Biographie de la faim  Le Livre de Poche – 190 pages –