09/09/2016
Jim Harrison : Le Vieux saltimbanque
Jim Harrison (1937-2016), de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain. Il a publié plus de 25 livres, donc les renommés Légendes d'automne, Dalva, La Route du retour, De Marquette à Vera Cruz… Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, Jim Harrison a remporté la bourse Guggenheim et a déjà été traduit dans 25 langues. Le Vieux saltimbanque, paru quelques semaines avant le décès de l’écrivain en mars 2016, vient tout juste d’être traduit chez nous.
Ce dernier opus s’inscrit dans la lignée d’En marge (2003), c'est-à-dire un texte autobiographique. Il n’en est ni le prolongement, ni la suite réelle puisque certains faits se retrouvent dans l’un et l’autre ouvrage. Par contre l’écrivain adopte ici une autre forme de narration, plutôt bien vue, écrite à la troisième personne, ayant « décidé de poursuivre mes mémoires sous la forme d’une novella. » C’est d’ailleurs le principal attrait de ce livre qui nous permet de retrouver son style d’écriture tant apprécié.
Le contenu, ce sont des coups d’œil dans le rétroviseur, sans chronologie aucune, ni scoops ou révélations tardives. Nous retrouvons donc les grandes obsessions de l’américain largement distillées dans son œuvre, la bonne bouffe, les bons coups à boire, les bons coups à…. Heu.. les femmes, et puis la pêche, et l’écriture et la poésie. Le bouquin est très court, Jim Harrison ne peux donc s’attarder longtemps sur les points abordés, d’ailleurs y tient-on vraiment, puisqu’il y a beaucoup de déjà lu ou su par d’autres sources, comme les interviews ? Peut-être, quand même, aurais-je aimé plus de développements sur ses séjours en France et à Paris, ou bien quand il observe le monde littéraire de son pays ou pas (« Qui donc avait décrété que les écrivains étaient si importants pour le destin de l’humanité ? Shakespeare et quelques rares génies pouvaient revendiquer cet honneur, mais des milliers d’autres tombaient dans le vide de l’oubli. ») mais ça ne s’inscrivait pas vraiment dans son projet.
Alors à qui s’adresse ce livre ? Principalement aux amoureux du poète disparu – alors que paradoxalement il n’y a rien à y apprendre pour eux – pour retrouver une dernière fois, sa voix, sa truculente sagesse le posant pour toujours comme un homme libre, s’exonérant des diktats du monde moderne, tellement attaché à la Nature et qui déclarait dans un entretien accordé au magazine LIRE (octobre 2015) : « Mais l’épitaphe que je préfère, c’est ce vieux dicton indien : « Nous aimions la terre, mais nous n’avons pas pu rester. » »
« Il se sentit vexé mais il savait très bien que, dans leurs moments de faiblesse, les écrivains avaient toujours cherché des fondements philosophiques à leurs créations. Dans son cas, tous ces prétendus fondements étaient franchement risibles. Pareilles velléités intellectuelles étaient presque toujours le fait de l’écrivain le plus mauvais du groupe, celui qui avait le plus à gagner, un bref éclair d’immortalité illuminant « le mouvement ». Les Beats étaient différents, pensa-t-il, ils avaient vraiment de la substance, surtout en comparaison des poètes académiques dont ils se démarquaient et qui évoquaient un lopin de maïs durant une année de sécheresse. « L’écriture automatique » de Jack Kerouac fonctionnait quand on était un bon écrivain ; sinon, c’était du charabia. »
Jim Harrison Le Vieux saltimbanque Flammarion – 148 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent
12:48 Publié dans BIOGRAPHIES | Tags : jim harrison | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |