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05/07/2021

Jean-Philippe Blondel : Un Hiver à Paris

jean-philippe blondelJean-Philippe Blondel, né à Troyes en 1964, est un écrivain français. Tout en enseignant l'anglais dans un lycée près de Troyes depuis les années 1990, il mène en parallèle une carrière d'écrivain, en littérature générale comme en jeunesse. Dans une œuvre déjà conséquente, Un Hiver à Paris date de 2014.

Victor, le narrateur de dix-neuf ans, est en prépa littéraire dans un lycée parisien des années 80, lui le provincial un peu perdu dans cette grande ville, pas très doué pour se faire des amis. Une ombre pour ses voisins de classe et professeurs mais alors qu’il entame de timides débuts de camaraderie avec Mathieu, celui-ci se suicide sous ses yeux en se jetant du haut d’un escalier dans l’enceinte du lycée…

Un évènement dramatique qui va conditionner le reste de la vie de notre narrateur. Au sein de l’établissement, l’ombre devient un pôle d’attraction, tout le monde pense que Victor et Mathieu étaient de bons amis, une imposture qui perturbe Victor, lui déplait mais en même temps n’est pas sans bénéfices puisqu’on s’intéresse à lui. Paul Rialto, le sage distant entouré d’une cour d’admirateurs, se rapproche de notre héros, une amitié se crée entre le fils de riches et notre modeste provincial, l’inconnu secret se livre et découvre des aspects de sa personnalité ; même une fille s’intéresse à Victor ! Une grande nouveauté pour lui, une liaison nait avec Armelle.

Et puis il y a Patrick, le père de Mathieu, au comble du désespoir. Son couple est en berne, son fils est décédé, il veut savoir, il veut comprendre, et lui aussi croit que seul Victor peut l’éclairer, étant le meilleur ami de son fils. Une étrange relation se noue entre les deux hommes, Patrick se confie à Victor, le vieux prend un adolescent comme confident ! Et Victor, voit dans cet homme, une sorte de père plus écoutant que le sien.

Cet évènement va conforter Victor dans le choix de son avenir, réaliser son rêve secret, devenir écrivain. Une fois encore Blondel met une part plus ou moins grande (je n’ai pas cherché à savoir dans quelle proportion) de sa propre existence dans ce roman.

Comment et pourquoi un jeune homme parti pour faire des études secondaires se suicide-t-il ? Quelle est la part des parents, si elle existe, dans ce drame ? Quel est le rôle de la solitude dans cette tragédie ? Des solitaires, à des degrés divers, tentent d’éclairer l’affaire : Victor, Patrick, Paul…

Le roman est agréable à lire, l’écriture de Jean-Philippe Blondel crée une ambiance ouatée où le lecteur peut reprendre le propos d’un acteur du livre « J’étais sur des rails. Je me laissais conduire. » Il y a aussi de très bons moments mais globalement, le roman m’a paru moyen, desservi (pour moi) par instants par des dialogues peu naturels ou mal torchés. 

 

« - Mes parents sont adeptes du Grand Livre du mois parce que le représentant qui leur a vendu l’abonnement est un cousin de mon père. Ils reçoivent un roman par trimestre. Ils ne savent pas quoi en faire, alors ils ont acheté un petit meuble vitré en merisier et ils y emprisonnent vite le livre dès qu’il arrive. Je leur ai plusieurs fois suggéré d’arrêter les frais, mais ils ont peur, ils disent que ça doit être compliqué de se désabonner, il faut rédiger des courriers, et puis, c’est bien, les livres, quand on a un littéraire dans la famille, non ? – Tu as honte d’eux ? »

 

jean-philippe blondelJean-Philippe Blondel   Un Hiver à Paris   Buchet-Castel – 268 pages -