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14/09/2017

Sandrine Collette : Des nœuds d’acier

sandrine colletteSandrine Collette, née en 1970 à Paris est une romancière française. Passé un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique, elle devient chargée de cours à l'université de Nanterre tout en travaillant à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines. Des nœuds d’acier, son premier roman, date de 2013.

Théo, qui vient de sortir de prison après dix-neuf mois de réclusion pour une bagarre ayant rendu paraplégique son frère Max,  part se mettre au vert en province. Il trouve enfin le calme, dans un gîte, perdu dans un bled au cœur de la forêt. Un jour, parti en randonnée, il tombe sur une masure où vivent deux vieux frères qui l’assomment et l’enferment dans leur cave où gît un autre homme gravement blessé. Désormais Théo sera leur esclave ! 

Quand débute le roman, le lecteur sait que Théo va réchapper à sa réclusion et tout aussi rapidement que ce n’est pas une blanche colombe, vouant une haine farouche envers son frère Max. Ceci posé dans un coin de votre esprit, débute le long calvaire enduré par Théo le narrateur après qu’il ait été fait prisonnier par deux vieux saligauds terrés au fin fond d’une forêt où nul ne risque de passer. Les deux frères vont faire de Théo leur esclave, enchaîné en permanence, à peine nourri, « logé » dans la cave sans chauffage, il doit trimer comme une bête toute la journée sous la surveillance du fusil de ses geôliers. Comme une bête, en vérité comme un chien, d’ailleurs Joshua et Basile les frangins, l’appellent ainsi, « le chien », les rares fois où ils s’adressent à lui.

Le bouquin est franchement angoissant car le lecteur suit pas à pas les souffrances de Théo ; souffrances physiques mais aussi psychologiques et c’est sur ce second point que le roman s’articule en des allers-retours fluctuants entre les relations entre les personnages. Entre Théo et Luc, l’autre prisonnier, blessé et captif depuis 8 ans ! Entraide au début puis une période de haine envers l’autre ; entre Théo et ses geôliers, tentant de les diviser et obtenant un semblant d’intérêt d’un des frères durant un moment ; mais aussi cet écho trouble entre les relations entre Joshua et Basile et celles entre Théo et Max deux fratries en souffrance.

Un roman prenant, du début jusqu’à la fin, inquiétant toujours, très dur parfois, ponctué de deux ou trois rebondissements gratinés et vous avez-là une vraie réussite. Et qui plus est qui fiche la trouille de partir en randonnée dans des coins trop perdus…

 

« J’ai réussi à relever la tête pour les surveiller. Je voyais flou, ça ne servait à rien, j’ai même commencé à rire. Basile a fait un signe à Joshua, qui a pris la casserole sur le fourneau et l’a apportée. Si j’avais été lucide j’aurais demandé ce que c’était, seulement mon esprit flottait curieusement dans la cuisine et seuls quelques sons incompréhensibles ont fait tourner la tête à Joshua. T’inquiète pas, il a dit. Ca va faire mal mais après ça ira. Et là, même attaché et ivre mort, j’ai senti à nouveau que j’avais peur et que je ne pouvais rien faire. La pièce tournait à me donner des nausées ; ma conscience s’égarait. Heureusement. »

 

sandrine colletteSandrine Collette  Des nœuds d’acier   Le Livre de Poche – 262 pages - 

 

 

 

 

 

 

« Le Cri d’Edvard Munch est pour moi une œuvre anxiogène dont l’atmosphère est proche de celle des Nœuds d’acier. » [Page 259]

sandrine collette