18/05/2018
Jonathan Coe : Numéro 11
Jonathan Coe, né en 1961 à Birmingham, est un écrivain britannique, diplômé d’une maîtrise et d’un doctorat en littérature anglaise. Il doit sa notoriété à la publication, en 1994, de son quatrième roman, Testament à l'anglaise. Son dernier livre, Numéro 11 qui date de 2016, vient d’être réédité en poche.
Le roman, découpé en cinq parties, pourrait être l’assemblage virtuose de cinq nouvelles presque indépendantes mais pourtant reliées les unes aux autres par différents fils, le principal étant le destin de Rachel et Alison. Deux gamines au début du livre en 2003 et que nous suivrons jusqu’en 2014, perdues de vue puis se retrouvant, devenues de jeunes femmes onze ans plus tard. Ce fameux nombre onze que le lecteur croisera maintes fois durant sa lecture, sous diverses formes, un numéro de maison, ou de bus, voire de table de banquet et même d’un sous-sol…
Cinq histoires, mystérieuse quelquefois comme cette entame du roman quand les deux fillettes découvrent ( ?) un cadavre dans la forêt à moins que ne viennent s’introduire des évènements touchants, tristes, gais ou souriants. Jonathan Coe n’écrit pas un roman, il peint sous nos yeux une fresque murale multicolore avec des personnages qui vont et viennent, des faits qui s’estompent avant de refaire surface ; le roman est ainsi fait d’échos qui se répondent d’un chapitre à l’autre.
Tout ceci n’est qu’un prétexte pour l’écrivain pour faire une sorte de bilan de la situation de son pays et par extension, pour certains points, de notre monde : la guerre en Irak, la crise économique, les émissions de téléréalité, les réseaux sociaux, les lanceurs d’alerte… d’où le sous-titre du roman : Quelques contes sur la folie des temps. Sans parler de suite, Numéro 11 n’est pas sans rappeler Testament à l’anglaise, parce qu’on y retrouve certains membres de la riche et vénale famille Winshaw et qu’après la critique des années Thatcher, c’est au tour de Tony Blair de faire les frais du roman. Une satire sociale et politique.
Le roman est vraiment très bien, le lecteur se régale à lire cette histoire touffue qui file à une belle vitesse et s’amuse in petto quand reviennent sur le devant des situations qu’il pensait oubliées. Mais, comme dans Testament à l’anglaise – est-ce typique de Coe ? je n’avais lu précédemment que celui-là – l’écrivain introduit dans son récit final une dose de fantastique/surnaturel qui de mon point de vue, n’a rien à y faire, même si je vois bien qu’elle lui sert à boucler la boucle avec le début du bouquin. Comme d’habitude il fallait que je crache mon venin mais vous n’êtes pas obligé d’en tenir compte, par contre considérez-vous comme contraints de lire ce roman, vous en retirerez un excellent moment de lecture. Promis !
« Eh bien soit. Je vais mettre fin à ces élucubrations et tenter de restituer une autre visite à Beverley chez mes grands-parents, l’été 2003. Une visite que je n’avais pas faite avec mon frère, cette fois-là, mais avec ma chère Alison, celle que j’ai enfin retrouvée après toutes ces années d’éloignement incompréhensible et avec laquelle j’ai pu renouer une précieuse amitié. C’est notre histoire, en fait, l’histoire de notre premier rapprochement avant que des forces bizarres, pour ne pas dire absurdes, nous séparent. Et puis c’est aussi l’histoire de… Mais il ne faut pas que j’en dise trop tout de suite. Reprenons au commencement. »
Jonathan Coe Numéro 11 Quelques contes sur la folie des temps Folio – 481 pages –
Traduit de l’anglais par Josée Kamoun
« La partie de ce livre intitulée « Le Jardin de cristal » m’a été inspirée par le morceau éponyme de Harold Budd, enregistré dans son album The Pavilion of Dreams (OBS 10) en 1978 » :
07:38 Publié dans Etrangers | Tags : jonathan coe | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |