19/06/2025
Robert Plunket : Je Recherche Warren Harding
Robert Plunket est né en 1945 à Greenville, au Texas, et a grandi à La Havane et Mexico. Après s’être essayé au métier d’acteur à New York (il apparaît dans After Hours de Martin Scorsese en 1985), il s’installe à Sarasota, Floride, où il devient le chroniqueur de ragots du Sarasota Magazine. Il est aujourd’hui à la retraite. Il a publié en 1983 son premier roman, Je recherche Warren Harding, classé par le Washington Post comme l’un des cinq meilleurs livres de grande fiction comique américains, et traduit ici en français pour la première fois.
Los Angeles au début des années 1980. Elliot Weiner, narrateur du roman, a obtenu une bourse pour écrire une biographie de Warren Harding, ancien président des Etats-Unis [Warren Gamaliel Harding (1865-1923) est le 29ᵉ président des Etats-Unis, du 4 mars 1921 à sa mort. Membre du Parti républicain, il est sénateur pour l’Ohio à partir de 1915] à la vie personnelle assez agitée. Quand Elliot apprend par la rumeur que Rebekah Kinney, une très vieille femme, jadis maîtresse du président, possède une malle remplie de lettres et documents très explicites sur leur relation, il y voit une source de gloire et de fortune s’il réussit à obtenir ces papiers.
La suite du roman n’est qu’une abracadabrante aventure où Elliot Weiner décidé coûte que coûte à s’emparer de la malle va employer tous les moyens mis à sa disposition et à son imagination pour y parvenir. Et ce n’est pas joli, joli ! Elliot s’avérant plutôt antipathique – comme tous les personnages de ce roman ou presque ? – raciste, homophobe, grossophobe etc. Son plan le plus foireux sera de conquérir Jonica, la petite-fille de la vieille dame, mère d’un bébé et séparée de son époux, au physique ingrat que j’aurais qualifié « d’enveloppé » pour ne pas m’attirer vos foudres mais que Robert Plunket n’hésite pas à faire dépeindre ainsi par son héros : « Elle était si grosse qu’on se demandait comment elle trouvait des pantalons à sa taille. Elle était si grosse que vous auriez retenu votre souffle si vous l’aviez vue tenter de franchir un tourniquet de métro. » Et les vannes du même tonneau répétées cent fois tout au long du récit. D’autres situations l’amèneront plusieurs fois à parler de « pédés », bref, le politiquement correct c’est pas le truc de l’écrivain !
Je n’entrerai pas plus loin dans les détails de l’intrigue, car tout le monde est assez barjot dans cette histoire qui s’égare (?) dans mille digressions. Je reconnais que c’est souvent amusant (« sur les joues cette pâleur vert jaunâtre qui n’apparaît qu’après des années d’éprouvants trajets en métro ») mais c’est aussi bien long pour mon goût. Alors quand l’auteur abuse des « ne me demandez pas comment » je suis tenté de répondre que personne n’en aurait eu l’idée !
Donc des réserves mais globalement sympathique car la peinture de la société d’Hollywood et de son gratin ou d’autres couches sociales, ne manque pas de férocité jubilatoire.
« Mes amis me voient comme un excentrique. Ne me demandez pas pourquoi. Je me dis parfois que c’est parce qu’ils aiment l’idée d’avoir un ami excentrique. Même si je peux admettre que certaines de mes habitudes sont un tantinet étranges, elles ont toujours une raison logique. Par exemple, si je garde mes déchets dans le réfrigérateur, c’est pour qu’ils ne restent pas sous l’évier à pourrir, et pour que les cafards n’y aient pas accès. Bien sûr, je ne garde pas dans le réfrigérateur ce qui est à recycler, uniquement les déchets alimentaires. Les déchets à recycler, je les entrepose dans la chambre d’amis. »
Robert Plunket Je Recherche Warren Harding Philippe Rey - 410 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Romaric Vinet-Kammerer
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : robert plunket | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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