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11/08/2014

Arnaud Delalande : Le Piège de Lovecraft

Arnaud DelalandeArnaud Delalande, né à Lusaka en Zambie en 1971, est un écrivain français. Après des études à Pontoise, une hypokhâgne et une khâgne aux lycées Chaptal et Victor Duruy (Paris), puis une licence d’histoire, il est diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris en 1994. Repéré par l’éditrice Françoise Verny, il publie son premier roman en 1998, Notre-Dame sous la Terre et plus récemment, Le Piège de Dante (2006). Parallèlement à son travail de romancier, Arnaud Delalande participe au milieu des années 1990 au développement d’une école de cinéma pour les professionnels du film, le CEFPF, où il est professeur en scénario, directeur adjoint, puis consultant. A ces casquettes, ajoutons qu’il est aussi scénariste de bandes dessinées. Son dernier roman, Le piège de Lovecraft sous-titré Le Livre qui rend fou, est paru ce printemps.

David, jeune universitaire, habite Québec où il détient une chaire de Littérature française. Quand l’un de ses camarades va se livrer à un carnage sur le campus, David va tenter d’en comprendre les raisons. De cercle littéraire très étrange en livres mystérieux empruntés par l’étudiant à la bibliothèque, notre héros va se retrouver embringué dans une histoire fantastique où tous les démons seront convoqués à partir du Necronomicon, le livre qui rend fou. Un parcourt ponctué de cadavres et d’horreurs indicibles dont David ne sortira pas indemne. Et d’ailleurs, s’en sortira-t-il ?   

Comme le titre du roman le laisse présager, il s’agit d’un hommage appuyé (trop ?) à Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) l’écrivain américain connu pour ses récits d'horreur, de fantastique et de science-fiction, inventeur d’un livre mythique revenant plusieurs fois dans son oeuvre, le fameux Necronomicon, soi-disant grimoire rédigé au VIIIème siècle par un certain Abdul al-Hazred. L’ouvrage contiendrait des révélations infernales, il n’en existerait que de très rares exemplaires détenus on ne sait où. 

Sur ces amusantes balivernes, Arnaud Delalande a bâti son roman. Précaution d’usage pour l’éventuel futur lecteur, ne pas tomber comme moi dans les exagérations de la quatrième de couverture (je pensais être échaudé pourtant…) annonçant un « thriller angoissant » car il serait déçu. L’auteur ne mégotte pas sur les références à Lovecraft, longs passages de l’œuvre du maître retranscrits ici, tous les noms des acteurs du roman de Delalande sont tirés des bouquins de l’américain, le style induisant la terreur est reproduit à l’identique avec profusion de bruits affolants, d’odeurs pestilentielles et de choses tellement horribles derrière cette porte que je vais peut-être ouvrir… mais dont on n’a rarement de descriptions vraiment avérées puisque Lovecraft c’est l’activation de l’imagination terrorisée au point d’en perdre la raison, plutôt que la mise à nue du cauchemar. Ce qu’on accepte du procédé de l’ancien est moins efficace joué pourtant à l’identique par le jeune, même si le pastiche est réussi.

Par contre, là où le roman de Delalande prend son intérêt, c’est l’astuce sur lequel il est construit. Une mise en abyme dont je ne peux vous donner la teneur, sans déflorer l’épilogue du roman, pourtant donné un peu vite à mon goût (Voir l’indice p.175). Un bouquin globalement sympathique, mais sans plus, où il est question de monde sans Dieu, du rôle du Mal dans nos sociétés et surtout du pouvoir des livres, qu’ils existent ou non ! Mais son véritable objet, et je pense que l’auteur en conviendra, c’est de nous inciter à lire ou relire Lovecraft dont ce roman nous offre une biographie complète et un bon aperçu de ses livres.

 

« Je trébuchais alors sur un dessin roulé dans la poussière, qui avait dû glisser du chevalet. Du pied, j’en déroulai une partie, et m’arrêtai à mi-chemin, car la créature que j’y vis dépeinte surpassait en abomination toutes celles que j’avais vues jusqu’à présent, et toutes celles qui se trouvaient autour de moi. En fait de dessin, c’était une peinture. Un blasphème colossal et sans nom… »

 

Arnaud DelalandeArnaud Delalande  Le piège de Lovecraft   Grasset – 360 pages –