09/01/2023
C.A. Fletcher : Un Gars et son chien à la fin du monde
Charlie Fletcher, né en 1960, est un scénariste pour le cinéma et la télévision et auteur britannique. Un Garçon et son chien au bout du monde écrit en tant que C.A. Fletcher date de 2020.
Notre monde, l’Avant, n’existe plus, nous sommes dans l’Après. Un mal invisible, nommé la Castration, a empêché les humains de se reproduire, les sept milliards d’habitants de la Terre ne sont plus que sept mille. Sur une petite île en Ecosse, une famille vit en autarcie, le père, la mère qui a perdu ses esprits depuis la mort d’une fillette, Ferg, un fils, Bar sa sœur, et Griz l’autre fils encore gamin, héros de ce roman. Leurs rares voisins sont sur une autre île, chacun vit chez soi, peinardement autant que simplement. Un jour, Brand, un voyageur arrive par la mer sur son bateau aux voiles rouges. Il commerce en faisant du troc, loquace et agréable, le sourire permanent aux lèvres, il embobine la famille et la nuit il se sauve en embarquant Jess, le chien préféré de Griz. Furieux, le môme se lance à la poursuite du voleur avec son autre chienne Jip et son arc.
Quiproquo ? Malentendu ? C’est une bonne critique dans le supplément littéraire d’un quotidien renommé qui m’a incité à lire ce roman, conforté par cette mention de l’éditeur au dos du livre « premier roman de l’Ecossais C.A. Fletcher pour un public adulte. » J’ai trouvé cela intrigant car j’ai vite compris qu’il n’y aurait rien de scabreux dans ce bouquin, alors pourquoi cette précision « adulte » ? Maintenant que je l’ai lu, je pense que ce bouquin sous des abords de littérature « jeunesse » peut s’adresser à tous, un peu bien que complétement différent, comme la saga d’Harry Potter.
Griz va donc se lancer dans une série d’aventures, jamais réellement terrifiantes ni affolantes (pour un adulte dans mon genre) mais très prenantes, je l’avoue. Les obstacles restent raisonnables, pas de mutants ou de trucs improbables, mais des loups, un énorme sanglier et ce Brand, voleur et menteur chevronné qui tient à conserver son butin mais pas si méchant que cela. Griz va aussi rencontrer une Française se faisant appeler John Dark (vous avez pigé l’astuce ?)… ce qui nous donne des dialogues savoureux en petit « nègre ».
Le récit est astucieusement mené puisque nous sommes censés lire le journal tenu par Griz durant ce périple, où il s’adresse à un lecteur imaginaire, anticipant de-ci-de-là ce qui va lui advenir (« J’ignore alors que ça causera ma perte ») pour entretenir la flamme du suspense. On s’amuse aussi parfois, à reconnaitre par de petits détails, les lieux traversés mais rendus méconnaissables soit par la montée des eaux en raison du réchauffement climatique, soit par le temps passé depuis l’extinction humaine (Statue du footballeur George Best à Manchester, par exemple) ; on apprend que la dernière génération d’humains encore survivants se nomme les Boumeurs, qu’un autre groupe, les Prez, veut repeupler le monde par tous les moyens comme « l’achat » de jeunes filles. Certaines mésaventures vécues par Griz et Jip évoquent Tintin et Milou.
Fletcher a bossé sur des séries TV, on le croit aisément au vu de la fin du récit qui réserve deux belles et grosses/outrées surprises ! Un roman qu’on pourra qualifier d’initiatique éventuellement. C’est sympathique comme tout (évidemment, un gamin qui veut récupérer son chien !), ça se lit comme un thriller, ça s’adresse à tout le monde. Sans plus.
« Au moment de la Castration, on était 7,7 milliards. Au bout des fameux soixante-dix ans, ça a dégringolé à moins de dix mille. J’ai le vertige rien qu’à essayer d’envisager d’aussi grands nombres, et à contempler la chute de notre espèce, aussi abrupte que la falaise au bout de l’île. En soixante-dix ans, ça c’est réduit à huit mille cinq cents personnes. Mais le taux de mortalité devait être encore pire, bien sûr, vu qu’il y avait plein d’autres trucs qui foiraient. »
C.A. Fletcher Un Gars et son chien à la fin du monde Nouveaux Millénaires - 346 pages -
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Pierre-Paul Durastanti
07:00 Publié dans SF | Tags : c.a. fletcher | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |