20/01/2019
Charles Williams : Hot Spot
Charles Williams (1909-1975) est un auteur américain de roman policier. Après ses études Charles Williams s'engage dans la marine marchande en 1929 pour une dizaine d’années. Son expérience de radio dans la marine lui permet de devenir technicien de maintenance en électronique pour RCA à Galveston (Texas) puis pour la marine nationale américaine jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il publie en 1951 son premier roman (Hill Girl) qui est un succès, ce qui le décide alors à devenir écrivain professionnel. Jusqu’à l’année 1973, il publie vingt-et-un autres romans et participe à la rédaction de plusieurs scénarios de cinéma. Il passera beaucoup de temps en France avec son épouse mais après la mort de celle-ci en 1972, il se retire en Californie, où il vit seul. Charles Williams se suicidera dans son appartement de Los Angeles au début d'avril 1975, décès qui fera l'objet de plusieurs versions.
Paru en 1953, Hot Spot vient d’être réédité dans une nouvelle traduction, dans une collection de poche. A noter que ce roman avait été adapté au cinéma par Dennis Hopper en 1990, sous le même titre avec Don Johnson, Virginia Madsen et Jennifer Connelly.
Harry Madox, le narrateur, la trentaine et ayant pas mal roulé sa bosse, débarque dans une petite ville du Texas où il trouve un job de vendeur de voitures dans une concession tenue par Harshaw, secondé pour l’administratif par Gloria Harper. On dit que l’occasion fait le larron, quand Madox va constater que la banque du bled n’est pas une forteresse, l’idée de ramasser un joli magot facilement ne va pas tarder à l’obséder. Tout serait si simple s’il n’y avait pas les femmes…
Ce polar est une pure merveille, un quasi chef-d’œuvre, un classique qui trouve sa place tout naturellement aux côtés des plus grands du genre. Si vous ne l’avez pas lu, laissez tout tomber pour vous ruer sur ce bouquin. Tout y est parfait.
L’ambiance, petite ville américaine accablée par le soleil texan, la sueur qui colle à la peau et avive les sens. L’intrigue, le casse de la banque et Madox rapidement soupçonné par le rusé shérif qui n’a pourtant pas de preuves, la pression psychologique sur le Rapetou ; puis l’enchainement des complications avec l’entrée en lice des femmes, d’un côté la toute jeune Gloria dont Madox tombe amoureux, une mignonne innocente qui cache pourtant un lourd secret mais ce n’est rien comparé à Dolores Harshaw, la femme de son patron, mûre et porté sur la bibine, ses assauts torrides autant qu’irrésistibles font plier notre héros. Dès lors l’escadrille des emmerdements va s’abattre sur Madox : après le vol viendront le chantage, le meurtre et le piège final – magistral de roublardise concoctée par l’écrivain – non pas le triomphe de la justice mais une punition pire encore, genre châtiment éternel tirée d’une tragédie grecque.
Le roman est très bien écrit (peut-être que la nouvelle traduction n’y est pas étrangère), le texte est dense mais léger néanmoins, le rythme des phrases est parfaitement ajusté à l’intrigue, les dialogues sonnent justes. Le suspense est bien maîtrisé et tous les personnages fort bien campés. Charles Williams embarque son lecteur dans un de ces polars dont on voudrait qu’il ne s’arrête jamais.
Comment un tel livre avait-il pu m’échapper jusqu’à ce jour, mystère ? Excellente lecture. Mais je me répète, non ?
« Ne savais-je pas ce qui allait arriver, aussi sûr que le soleil se lève chaque matin, si je restais dans la même ville que cette aguicheuse ? Oh oui, bien sûr, j’allais garder mes distances, c’était certain. Est-ce que je ne le faisais pas à chaque fois ? Quelle était ma moyenne générale quand il s’agissait d’éviter les ennuis avec les traînées de tous genres ? Un zéro pointé, et je ne voyais rien dans la situation actuelle qui présageait d’une amélioration de mon score. Et vu la façon dont elle engloutissait l’alcool, dont elle devenait dingue une fois ivre, c’était aussi prudent de la fréquenter dans une ville comme celle-ci que de fréquenter un crotale. Impossible de savoir ce qu’elle risquait de faire. Le plus sage était de se tailler d’ici, et de la laisser prendre ses risques par un autre gars. »
Charles Williams Hot Spot Gallmeister Totem – 222 pages –
Traduction de l’américain par Laura Derajinski
07:58 Publié dans POLARS | Tags : charles williams | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |