26/05/2025
Daisy Johnson : L’Hôtel
Daisy Johnson est née en 1990 et vit à Oxford. Son premier roman, Tout ce qui nous submerge (2019), a été finaliste du Man Booker Prize 2018. Sœurs, son deuxième roman (2021), a été encensé par la critique française et adapté au cinéma sous le titre September & July par l'actrice et réalisatrice franco-grecque Ariane Labed en 2024. Nouveau roman de l’écrivaine, L’Hôtel, vient de paraître.
Angleterre. « C’est difficile de trouver des informations au sujet de l’hôtel sur internet (…) il figure parmi les maisons les plus hantées d’Angleterre. » Ce qui n’empêche pas les gens d’y venir, volontairement ou non, et d’être confrontés à des phénomènes très étranges…
Si on en restait là, on se croirait dans un roman gothique bien flippant, mais pouvez-vous imaginer un tel type de bouquin avec la mignonne jaquette rose tendre adoptée par l’éditeur ? Il y a donc autre chose de moins « vulgaire » à y lire et c’est plutôt réussi.
Le livre est découpé en quinze chapitres, comme autant de nouvelles distinctes ayant une femme différente comme personnage principal dans chaque (dans l’ensemble) à qui il arrive de très curieuses mésaventures. Toutes se déroulent dans l’hôtel ou à son sujet pour finalement en faire un roman.
Le récit court sur plusieurs générations, de la création de l’hôtel sur un terrain marécageux et ancien cimetière, entouré de croyances liées à la sorcellerie, pour aboutir à ce bâtiment de « style néogothique avec de hautes cheminées, d’étroites fenêtres surmontées de coupe-larmes, des vitraux qui assombrissent l’intérieur. » Dans ces décors propices aux effrayantes manifestations surnaturelles, ces femmes racontent : les pièces qui changent de forme, une porte rouge qui ne devrait pas exister mais qui néanmoins s’ouvre, la chambre n° 63 où il ne fait surtout pas aller…
Je pourrais multiplier les exemples tendant à faire croire qu’il s’agit d’un roman horrifique et tout du long l’écrivaine ne se lasse pas de nous y faire croire avec des clins d’œil à des références culturelles comme Barbe Bleue, les films Shining ou Le Projet Blair Witch etc. Pourtant l’écriture adoptée dément cette impression, douce, tendre, voire charmante et nappée de nostalgie, elle livre le volet plus subtil du livre. Tous ces récits sont le reflets de rêves, de souvenirs véridiques ou non, résultant d’une sorte de perte de contrôle de l’esprit des récitantes, capté par celui plus puissant de l’hôtel maudit. D’ailleurs, nombreuses sont celles qui s’étonnent d’avoir la sensation que les lieux savent d’elles plus de choses qu’ils ne devraient.
Un très joli roman à la beauté étrange.
« L’hôtel a ce qu’on pourrait appeler de la personnalité. C’est un peu comme s’il connaissait les gens qui vont et viennent entre ses murs. De façon peut-être plus insidieuse, il semble les attirer grâce à son magnétisme auquel il est parfois impossible d’échapper. On pourrait attribuer entièrement la malédiction qui frappe l’hôtel à la femme sans nom assassinée à cet endroit, mais il semble plus probable que le malheur provienne de la terre elle-même, et que cette femme n’ait été que la première à en prendre conscience. »
Daisy Johnson L’Hôtel Stock - 189 pages -
Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : daisy johnson | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |