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08/11/2012

Gabriel Matzneff : Boulevard Saint-Germain

Gabriel Matzneff Livre.jpgGabriel Matzneff, né en 1936, est un écrivain français issu d'une famille de hobereaux russes émigrée en France après la révolution de 1917. Ses parents divorcent dans sa prime enfance, et ses premières années sont assez chaotiques, entre tensions familiales et Seconde Guerre mondiale. Il évolue dès son plus jeune âge dans le milieu raffiné et cultivé des Russes blancs émigrés de Paris, où religion et littérature nourrissent les esprits. Après 1990, à la suite d'une polémique retentissante autour de son goût affiché pour de jeunes partenaires sexuels, il s'éloigne partiellement de la vie publique, mais continuera de publier régulièrement romans, essais, tomes de son journal intime, poèmes. Son ouvrage Boulevard Saint-Germain date de 1998.

Il s’agit d’un récit dans lequel Gabriel Matzneff nous balade pédibus, entre trois arrondissements parisiens, les cinquième, sixième et septième, sur la rive gauche de la Seine, entre le boulevard Raspail, le quai Voltaire, Saint-Sulpice et la rue de Seine. Une promenade érudite où se mêlent l’Histoire, les souvenirs de l’auteur faits de sa vie intime et de son impressionnant carnet d’adresses.

« Je me fiche de savoir que Machinchouette a vécu ici et Machinchose là. Je ne suis ni un historien des vieilles pierres ni un renifleur des émotions des autres. » Il n’empêche que nos déambulations dans les pas de Matzneff sont riches de découvertes et d’enseignements historiques et son petit bouquin remplacerait aisément n’importe quel guide touristique. Et il y a beaucoup à dire car ce quartier a connu Paris tout petit encore ! Personnalités connues ou plus confidentielles, de Casanova à Jean-Paul II, musées, hôtels, jardins, Gabriel Matzneff sait tout et nous régale de son savoir.

Et quant à ce qui est de se régaler, l’écrivain en connaît un rayon. Les restaurants, les cafés, il les a tous essayés, ici il prenait son petit-déjeuner, là il déjeunait avec ses amis, là-bas il dinait avec sa douce du moment. Gabriel Matzneff a « un solide coup de fourchette et une bonne descente », on le sent quand il évoque son plat préféré ou le souvenir ému d’une bonne bouteille. Aux plaisirs de la table, il ajoute ceux du libertinage en hommage à son maître Casanova et son amour pour les jeunes filles en fleur le pousse à draguer à la sortie du lycée Fénelon.

Paradoxalement, mais il en a souvent été ainsi dans l’Histoire, le libertinage n’est jamais loin du religieux et l’esthète ne manque pas de nous entrainer dans toutes les églises du quartier qui n’en manque pas, d’évoquer son amour de la liturgie orthodoxe et de parler de sa foi. Il n’oublie pas non plus les références à l’antiquité, les philosophies épicurisme et stoïcisme, ni de glisser que François Mitterrand aimait ses livres et qu’en matière de politique, il serait plutôt monarchiste.

Derrière ce petit bouquin cultivé, Gabriel Matzneff se révèle un dandy moderne, frayant hors des sentiers battus, refusant les contraintes sociales, « dans la vie, je ne fais que ce que j’ai envie de faire, et qui m’amuse », pour qui seul l’instant présent compte.

C’est aussi ce qu’en retiendra le lecteur, un livre écrit d’une plume légère dont chaque page dégage une odeur de liberté totale, de joie de vivre faite de culture pointue, d’amis partageant un bon repas et une bonne bouteille, de jeunes filles gaies et souriantes. Un très bon bouquin, à lire en terrasse du Café de Flore à moins que vous ne préfériez la brasserie Lipp.

 

« Nous voici déjà place Maubert ! Tout le monde descend. Rue Monge, votre narine palpite lorsque vous longez la brûlerie d’où, des sacs de jute, s’échappe une bonne odeur de café ; vous jetez un regard gourmand aux saucisses des Trois Petits Cochons. A l’angle de la rue des Bernardins, une dame encore alerte et quelques messieurs millésimés, genre anciens combattants, discutent debout autour d’un stand de presse improvisé. A peine sur le parvis, vous êtes enveloppée d’un tourbillon de scouts en uniforme, de bonnes sœurs qui vendent du miel, du pain d’épices, d’appétissantes tartes aux poires. Un jeune homme aux cheveux courts explique l’Europe de Maëstricht à une jolie fille bon chic bon genre, ragazza perbene." 

 

Gabriel Matzneff .jpgGabriel Matzneff  Boulevard Saint-Germain La Table Ronde collection La Petite Vermillon

 

 

 

 

 

 

 

07:00 Publié dans RECITS | Tags : gabriel matzneff | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |