26/09/2017
Hannelore Cayre : La Daronne
Hannelore Cayre est une romancière, scénariste et réalisatrice française, née en 1963 à Neuilly-sur-Seine. Elle est également avocate à la cour d'appel de Paris en tant que pénaliste et collabore à la Revue XXI. La Daronne, son cinquième roman, est sorti au printemps.
Patience Portefeux, la cinquantaine, est veuve avec deux filles et une vieille mère au bout du rouleau en maison de retraite coûtant bonbon. Bilingue, français-arabe, Patience est interprète judiciaire dans les enquêtes des stups et du grand banditisme. Un jour, après avoir fait le bilan de sa vie et constaté qu’un surplus d’argent ne nuirait pas au bonheur de sa famille, elle décide de profiter de son avantage, en tant qu’interprète elle est informée des trafics de drogue avant même la police, pour se lancer dans ce business et devenir la Daronne…
Une gentille intrigue - non exempte d’invraisemblances – sur laquelle je n’insisterai pas, vous en laissant la découverte. J’insisterai plus sur l’écriture, alerte et sûre, sans fioritures et très documentée. Hannelore Cayre sait tout des petits trafiquants de drogue, leurs combines comme leur langage. On se laisse facilement embarquer dans cette histoire car elle ne manque pas d’humour non plus, qu’il soit discret le plus souvent ou farfelu (l’urne funéraire répandue dans le magasin des Galeries Lafayette pour respecter la volonté de sa défunte mère !).
Parallèlement à ce monde policier et judiciaire dont elle soulève certaines contradictions, l’écrivain aborde aussi le problème des vieillards dans les maisons de retraites médicalisées. Les souffrances des parents âgés, celles de leur famille, le boulot des personnels soignants et ça nous donne quelques belles pages assez touchantes.
Pour résumer, un roman noir plutôt réussi mais qui ne déclenche pas chez moi un enthousiasme outre mesure. J’en ai aimé le ton mais le bouquin me semble hésiter ou balancer entre deux genres, la comédie (pour le ton) et le vrai roman noir ou polar (pour certaines précisions techniques). Il s’en sort néanmoins avec une note honorable car Hannelore Cayre, fine mouche, nous la joue courte.
« Sinon, j’étais payée au noir par le ministère qui m’employait et ne déclarait aucun impôt. Un vrai karma, décidément. C’est d’ailleurs assez effrayant quand on y pense, que les traducteurs sur lesquels repose la sécurité nationale, ceux-là mêmes qui traduisent en direct les complots fomentés par les islamistes de cave et de garage, soient des travailleurs clandestins sans sécu ni retraite. Franchement, comme incorruptibilité on fait mieux, non ? Enfin, moi qui suis corrompue, je trouve ça carrément flippant. »
Hannelore Cayre La Daronne Editions Métailié – 172 pages –
07:48 Publié dans POLARS | Tags : hannelore cayre | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |