10/11/2023
James Lee Burke : Une Cathédrale à soi
James Lee Burke nait en 1936 à Houston au Texas et passe son enfance sur la côte entre le Texas et la Louisiane. Ecrivain américain de romans policiers, il est particulièrement connu pour sa série mettant en scène Dave Robicheaux. Issu d'une famille pauvre, son père est ouvrier dans une raffinerie, pendant la Seconde Guerre mondiale il fréquente l'école catholique où il se découvre une vocation d'écrivain. Après des études à l'Université de Louisiane du Sud-ouest ainsi qu’à l’Université du Missouri, il sort diplômé dans les domaines de la littérature et du journalisme. Après l'université, Burke a pratiqué plusieurs métiers, ouvrier du pétrole, routier, journaliste, assistant social, garde forestier, topographe, enseignant d'anglais. Actuellement Burke et sa femme Pearl partagent leur temps entre le Montana et la Louisiane. Leur fille, Alafair Burke, est également autrice de romans policiers.
Une Cathédrale à soi, dernier opus de la série Dave Robicheaux (2021) vient d’être réédité en poche.
En Louisiane. Les familles Shondell et Balangie se haïssent, pourtant Johnny Shandell et Isolde Balangie s’aiment ; lui, compose et joue de la musique, elle, chante. Hélas pour eux, Isolde est « promise » à Mark Shondell, l’oncle de Johnny, pervers sexuel très puissant dans la région. Dave Robicheaux va se mêler de cette affaire, particulièrement complexe, où les ennemis seront nombreux, les pires n’étant pas réellement humains… ?
Mon expérience avec James Lee Burke est mince, un seul roman lu et pas de cette série, ce préambule expliquant peut-être mon avis dubitatif sur ce polar.
L’intrigue est trop complexe pour que j’entre dans les détails, tellement, qu’elle ne m’a pas semblée très claire durant la lecture et même le bouquin refermé. En gros, il y a une haine séculaire entre deux familles bien pourries, une jeune fille servant de monnaie d’échange entre les deux pour satisfaire un gros pervers coupable de maints crimes et horreurs mais si puissant et fichant la trouille à tout le monde (police incluse) qu’il agit tranquillement. Déboulent dans ce drame étouffé, Dave Robicheaux et son pote Clete Purcel, deux lascars en ayant vu de toutes les couleurs dans le passé et cerise sur la gâteau déjà bien roboratif, l’intervention surnaturelle d’un mort cherchant la rédemption ! Et là, on trouve une analogie avec le film de Bertrand Tavernier “Dans la brume électrique” (2009) avec Tommy Lee Jones, adapté du roman presque éponyme de l’écrivain.
Certains trouveront ce polar assez médiocre : intrigue abracadabrante, difficulté à suivre et comprendre les motivations psychologiques des uns et des autres, violences physiques et morales, introduction de l’élément surnaturel dans le récit, et si vous êtes du genre à aimer les polars rectilignes où l’enquête suit son cours et s’éclaire à la fin, vous allez faire la grimace, c’est certain. Je le comprends très bien.
Mais je pense que ce n’est pas la bonne manière d’aborder cet ouvrage. Je crois qu’il faut le lire en restant au-dessus de la mêlée, ne pas chercher à tout comprendre, si un plus un égale deux, par contre il faut y rechercher le but de l’écrivain à travers son héros fétiche : Dave a démissionné de la police de la Nouvelle Orleans mais le devoir moral avant tout, il accepte d’être enquêteur pour le shérif du Comté quand un crime lui parait trop sordide, pour sauver les vivants, rendre justice aux morts innocents et aussi, surtout, pour se sauver lui-même car il est hanté par son passé, crimes commis dans l’armée au Vietnam, ex-alcoolique, ses deux femmes décédées. Il y a une dimension mystique chez Dave Robicheaux, un homme simple et banal qui pense avoir un petit rôle à jouer dans ce monde définitivement pourri où le mal le plus ignoble et les violences les plus atroces (aux femmes, aux enfants…) s’exercent sans que les coupables soient toujours châtiés.
C’est je pense, le sens exact du propos de ce roman, le monde est un théâtre d’horreurs, hier comme aujourd’hui, ne les cachons pas sous le tapis, combattons-les avec nos maigres moyens même s’ils contreviennent à la loi.
Un roman difficile avec certainement des défauts mais très puissant néanmoins.
« J’avais été assez vaniteux pour me penser capable de trouver les origines de la cruauté humaine. En conséquence, j’avais découvert une dimension temporelle qui existait peut-être parallèlement à la nôtre. Je n’en connaissais pas plus sur la nature humaine que lorsque j’avais rendu visite à Marcel LaForchette au pénitencier d’Huntsville, cet homme qui s’était révélé mon demi-frère et s’était tué dans mon salon. Dans ma recherche des origines de la cruauté humaine, j’étais arrivé à la même impasse que les psychiatres qui scrutent le cœur des ténèbres et en sont si effrayés qu’ils remercient Dieu pour le terme clinique « pathologique », car il leur permet d’évacuer les images implantées dans leur esprit par les patients qu’ils ont essayé de soigner. »
James Lee Burke Une Cathédrale à soi Rivages/Noir - 487 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier
06:00 Publié dans POLARS | Tags : james lee burke | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |