11/10/2012
Philippe Delerm : Quelque chose de Bartleby
Un dimanche maussade comme il y a quelques jours, une après-midi tranquille à la maison, un disque de Bach qui tourne en boucle sur la platine, le thé sur la table basse, le décor est planté. Unité de lieu. Ces heures heureuses ont suffi pour que je lise le dernier bouquin de Philippe Delerm. Unité de temps.
L’écrivain n’est pas du genre à écrire de gros pavés ou des livres « prise de tête » mais sous des abords simples, voire simplistes, ils recèlent des trésors d’humanité. Sans donner de leçons, sans argumenter pour démontrer, Philippe Delerm de livre en livre, suit son bonhomme de chemin et ses petits textes révèlent à ceux qui veulent bien le suivre, que le bonheur n’est qu’une série de petites choses toutes à portée de main. Désirs et plaisirs simples, vies banales pour beaucoup, mais secret du bonheur pour Delerm. Libre à vous d’adhérer à cette philosophie et Delerm se fiche certainement de savoir si vous le suivrez dans cette voie. C’est vous qui voyez.
Dans ce nouveau roman, le héros Arnold, employé des Postes, célibataire discret va se risquer – à son grand étonnement – à créer un blog. Pour dire quoi ? « Que précisément j‘utilise mon Mac pour dire que je ne fais rien ». Ses textes courts vantant les charmes de la vie toute simple et du bon sens trouvent un écho sur le Web et son blog connaît le succès. Un éditeur le contacte, il passe enfin la soirée qu’il a toujours rêvée avec son amour de jeunesse, une nouvelle vie s’offre à lui. Sans dévoiler la fin du roman, Arnold (Philippe ?) restera fidèle à lui-même comme on s’y attendait.
Quelque chose de Bartleby emprunte à Herman Melville l’auteur de Moby Dick le nom d’un de ses héros, Bartleby, un obscur employé de bureau passant son temps à rêvasser. Des chapitres très courts, aucun gras dans les phrases, écriture concise, comme je l’écris dans l’introduction il ne m’a fallu que quelques heures pour lire ce roman, mais ces quelques heures furent heureuses. Que demander de plus à un livre ?
« Le journal. Pour Monsieur Spitzweg, on ne saurait lire les journaux. Encore moins les réduire aux nouvelles principales. Un journal ça s’achète, se touche, se déploie, ça prend l’odeur du café-crème à la terrasse du Rouquet, l’angle de la rue des Saints-Pères et du boulevard Saint-Germain. Arnold arrive tous les matins en avance pour déguster ce quart d’heure privilégié. »
Philippe Delerm Quelque chose de Bartleby au Mercure de France
13:38 Publié dans Français, ROMANS | Tags : philippe delerm | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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