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19/04/2013

Emile Zola : Une Page d’amour

Zola Livre.jpgÉmile François Zola (1840-1902) écrivain et journaliste, est considéré comme le chef de file du naturalisme. C’est l'un des romanciers français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille Rougon-Macquart à travers ses différentes générations. Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J’Accuse…! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres.

Une page d’amour, publié en 1878, huitième volume de la série n’est pas l’un des plus connus, ni l’un des meilleurs, ceci expliquant cela ou l’inverse, aussi mérite-t-il qu’on s’y attarde.

L’héroïne du roman est Hélène, fille d’Ursule Macquart et du chapelier Mouret. Après avoir épousé un nommé Grandjean qui lui a donne une fille, Jeanne de santé fragile, les Grandjean montent à Paris, où l’époux meurt soudainement dès leur arrivée. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vraiment connu, Hélène est prise d’une passion violente pour le docteur Deberle, son voisin qui est intervenu lors d’une des crises de sa fille, lui-même marié et père de famille.

De son côté, Jeanne voue un amour excessif et exclusif à sa mère, ne supportant pas de la voir courtisée par d’autres hommes, comme Rambaud doux et patient ami d’Hélène. Le jour où Hélène se donne à Henri Deberle, sa fille avertie par un pressentiment et déjà bien malade, se met à sa fenêtre sous la pluie et contracte une phtisie dont elle mourra quelque temps plus tard. Hélène est terrassée par la douleur, mais plus encore par ce qu’elle prend comme une punition, infligée par sa fille, pour avoir fauté avec Henri, une seule et unique fois. Quand le roman s’achève, deux ans après le drame, Hélène s’est remariée avec Rambaud et ils vivent à Marseille.

Ce qui frappe le plus à la lecture de ce roman de Zola, c’est sa simplicité. Point d’intrigues complexes et de personnages multiples, pas de manigances animées par le profit, la cupidité ou la vengeance. Les acteurs de ce drame sont plutôt sympathiques, il n’y a pas de vilaines figures tirant les fils dans l’ombre ; le seul pêché qu’on peut y dénicher, c’est l’adultère et encore… Hélène résistera longtemps à Henri avant de s’abandonner, ne se trouvant une excuse que lorsqu’elle apprendra que Juliette Deberle, la femme du docteur, envisage de céder à un amant, ce que d’ailleurs elle ne fera pas.

Le roman des braves gens, la fête des voisins, Hélène et Jeanne, Rosalie la bonne et son soupirant Zéphyrin, les époux Deberle et leur jeune fils, l’abbé Jouve et son demi-frère Rambaud. La petite bourgeoisie tranquille et calme sur laquelle il n’y aurait pas grand chose à dire, si Zola ne la mettait pas sous la coupe de la passion. Certes, on peut trouver le roman un peu trop sentimental, mais il prouve que Zola peut aussi dépeindre ce trait du caractère humain – qui n’est pas le moins puissant – et ne pas que s’intéresser à la boue et à la noirceur.  

L’autre grand acteur de ce livre c’est Paris, la grande ville vue des hauteurs de Passy où résident nos héros. Chacun des chapitres du roman se clôt sur une description de la ville, à une saison différente de l’année, comme une carte postale magnifique de la capitale en pleine restructuration. A ce propos, et Emile Zola s’en est excusé par la suite, certains avaient noté que l’écrivain avait commis des anachronismes en décrivant les toitures du nouvel Opéra et la coupole de Saint-Augustin « dès les premières années du Second Empire, époque à laquelle ces monuments n’étaient point bâtis. J’avoue ma faute, j’offre ma tête. »

 

« Pourquoi donc sa mère ne l’avait-elle pas emmenée ? Jeanne trouvait, dans cette eau qui lui battait les mains, une nouvelle tentation d’être dehors. On devait être très bien dans la rue. Et elle revoyait, derrière le voile de l’averse, la petite fille poussant un cerceau sur le trottoir. On ne pouvait pas dire, celle-là était sortie avec sa mère. Même elles paraissaient joliment contentes toutes les deux. Ca prouvait qu’on emmenait les petites filles, quand il pleuvait. Mais il fallait vouloir. Pourquoi n’avait-on pas voulu ? »

 

Zola.jpgEmile Zola  Une Page d’amour  Le Livre de Poche

 

 

 

 

13:48 Publié dans XIXe siècle | Tags : emile zola | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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