27/06/2013
Emile Zola : La Joie de vivre
Depuis plus d’un an maintenant je me suis lancé dans la lecture ou relecture, de tous les romans de la série des Rougon-Macquart. Je ne les chronique pas tous, seulement ceux qui me semblent moins connus ou qui m’inspirent un commentaire.
Émile François Zola (1840-1902) écrivain et journaliste, est considéré comme le chef de file du naturalisme. C’est l'un des romanciers français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille Rougon-Macquart à travers ses différentes générations. Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J’Accuse…! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres. Le roman La Joie de vivre publié en 1884 est le douzième de la série Les Rougon-Macquart.
Le décor, une petite ville Normande du bord de mer, des personnages peu nombreux, La Joie de vivre est un roman intimiste de l’écrivain. Chanteau vit retiré à Bonneville, perclus de rhumatismes goutteux entouré de sa femme et son fils Lazare, un jeune homme névrosé, sceptique, qui se lance dans de nombreux projets qu’il abandonne rapidement. Pauline Quenu, orpheline à dix ans, est recueillie par les Chanteau, des cousins de son père, qui l’élèvent et gèrent son héritage conséquent. Les années passent, Lazare promet le mariage à Pauline qui l’aime depuis toujours, pourtant ce sera Louise Thibaudier qu’il épousera et dont il dilapidera la dot comme il le fit avec l’argent de Pauline, dans ses ambitions entrepreneuriales aventureuses.
Toute la beauté du roman tient dans le personnage de Pauline qui sacrifiera tout à Lazare par amour. Non seulement son héritage, pour l’épauler dans ses ambitions, mais allant même jusqu’à renier ses sentiments pour lui, le poussant à épouser Louise sa propre amie quand elle imaginera que c’est ainsi qu’il pourrait être heureux. Enfin comble du dévouement amoureux, quand le roman s’achève Pauline élève le petit Paul, gamin de Louise et Lazare tout en soignant le vieux père Chanteau devenu impotent.
A travers Pauline, Emile Zola tente de prouver qu’on peut être heureux malgré une vie faite de malheurs et que l’optimisme ou du moins une vision positive des choses est la seule arme qui vaille pour se sortir plus ou moins indemne de ce monde foncièrement mauvais. Et de l’optimisme il en faudra à Pauline - C’est ainsi qu’in fine, se comprend l’origine du titre de ce roman - car ses tuteurs la spolient de son héritage, le grand amour de sa vie se détourne d’elle après lui avoir fait subir tous les tracas de son caractère morbide et faible, les pauvres à qui elle fait des aumônes la volent et le père Chanteau, s’il n’est pas vraiment méchant, par sa maladie invalidante en fait sa garde-malade dévouée !
On peut noter aussi que dans ce roman, Emile Zola se dévoile indirectement en attribuant à certaines de ses personnages des traits de son caractère ou de ses hantises quand on sait qu’il était très émotif avec des angoisses morbides, le sang l’effrayait, les orages l’épouvantaient, l’idée de la maladie lui donnaient des suées.
« Depuis qu’ils habitaient Bonneville, Lazare et Louise vivaient dans de continuelles tracasseries. Ce n’étaient point des querelles franches, mais des mauvaises humeurs sans cesse renaissantes, la vie misérablement gâtée de deux être qui ne s’entendaient pas. Elle, après des suites de couches longues et pénibles traînait une existence vide, ayant l’horreur des soins du ménage, tuant les jours à lire, à faire durer sa toilette jusqu’au dîner. Lui, repris d’un ennui immense, n’ouvrait même pas un livre, passait les heures hébété en face de la mer, ne tentait que de loin en loin une fuite à Caen, d’où il revenait plus las encore. Et Pauline, qui avait dû garder la conduite de la maison, leur était devenue indispensable, car elle les réconciliait trois fois par jour. »
Emile Zola La Joie de vivre Le Livre de Poche
10:05 Publié dans XIXe siècle | Tags : emile zola | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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