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15/07/2013

Les dessous pas si chics de l’autoédition

Les affamés de lectures ont souvent le poignet qui les démange, la plume qui les chatouille, titillés par l’envie de se lancer à leur tour dans l’écriture. Mais une fois le mot « fin » mis au bas de la dernière page, se pose la  question qui tue, comment se faire éditer ? Avec l’avènement du numérique, l’autoédition a ouvert les portes d’un avenir qu’elle nous promet mirifique.

Afin de porter à la connaissance de tous ce qu’il en est réellement, oyez, oyez bonnes gens, la voix de Condie Raïs, cette jeune écrivaine dont je suis la carrière. Le texte qui suit est de sa plume mais exceptionnellement, j’ai accepté de le publier sur mon blog car je pense qu’il nous intéresse tous, amis des livres et des écrivains en devenir.

 

Comment Condie Raïs va se hisser dans le top 10 des ventes d’Amazon ?

Le principe est simple. Elle va suivre le lumineux chemin des auteurs autoédités qui ont rencontré le succès grâce à la méthode My Kindex. En gros, ça marche de la manière suivante :

Un auteur autoédité s’inscrit sur le site My Kindex. Il achète ensuite des points, patiemment, qui lui permettront après quelques temps – et environ 250 euros dépensés selon les informations délivrées par les webmasters du site – d’être acheté par un certain nombre de lecteurs en un seul jour et d’ainsi grimper dans le top 20 de la boutique Kindle d’Amazon. Ensuite, s’il « trouve son public », il y restera scotché, mais sera assuré d’un retour sur investissement quoi qu’il arrive,  dans la mesure où le fait même de se retrouver dans la poignée de titres figurant en tête du classement entraîne de façon mécanique un nombre de vente conséquent. Même s’il dégringole, il aura vendu son bouquin à suffisamment de gogos pour rentabiliser l’affaire. Ah, il faut préciser : les gogos sont les lecteurs. Qui pensent que lorsqu’un livre est bien classé, c’est qu’il est bon.

Mais quel est donc l’intérêt pour les lecteurs-partenaires du site d’acheter ces livres ? Simple, également.

On leur apprend en échange comment télécharger un bouquin, le rendre dans les 24 heures contre remboursement – c’est une possibilité offerte par Amazon -, puis laisser une chronique avec des petites étoiles. Ainsi, le lecteur-partenaire lit gratuitement et économise beaucoup d’argent. L’auteur, pour sa part, grimpe dans le classement. Et tout le monde est ravi. Sauf évidemment le lecteur qui n’est pas partenaire et qui achète sincèrement un bouquin sur la bonne foi de son classement en espérant tomber sur quelque chose de bon. Cool, non ?

Et ce système fonctionne bel et bien. Quelques auteurs autoédités que je ne citerai pas ici lui doivent d’avoir accédé à une réelle reconnaissance, d’avoir « trouvé leur public ». Qu’importe que l’ensemble du truc pourrisse complètement la possibilité de fabriquer un bouquin en toute honnêteté, en dehors des circuits classiques. Qu’importe qu’il renforce la méfiance, légitime au demeurant, envers tout ce qui n’est pas sorti des usines Galligrasseuil. Puisqu’on vous dit que c’est rentable, amis en auto-publication, foncez !

Ce n’est un secret pour personne, je l’ai dit dans quelques interviews, j’ai choisi l’autoédition parce que certains aspects de l’édition classique me révulsaient légèrement. J’ai finalement trouvé pire.

Le même site donne avec beaucoup d’à-propos la parole à un petit génie, qui se fait, dit-il, dans les 4 000 euros par mois, en vendant des masses de bouquins… Qu’importe la qualité – sauf la couverture, of course -, il faut publier, publier encore, nous dit-il. Avec des pseudos différents. Sur un malentendu, ces pauvres cons de lecteurs achètent (pour voir) quelques bouquins, et la masse de titres mis en ligne est finalement rentabilisée. Le jeune Einstein en question reconnaît toutefois que l’exercice est épuisant. Mais l’imagination humaine est sans limite et un tel talent ne pouvait pas demeurer les bras ballants face à cet obstacle. Il fait donc à présent appel à des « ghostwriters », des nègres quoi, si l’ont peut encore utiliser ce terme sans tomber dans le politiquement incorrect. Génial, n’est-il pas ?

Les créateurs de ce site ingénieux reconnaissent toutefois une lacune. Les bloggeurs ne sont pas encore assez impliqués dans ce système. Encore trop indépendants, trop imprévisibles. Las, la solution devrait émerger cet été, sous forme de partenariats. Nous restons tous figés dans l’attente de ce qui pourra sortir de tels cerveaux en constante ébullition. En attendant, les promoteurs de My Kindex suggèrent aux tenanciers de blogs littéraires, avec beaucoup de pertinence, d’aller faire un tour sur « adopteunauteur.com », ce qui leur permettra de choisir un auteur à adopter, puis à faire le buzz autour de lui. Pas con.

Je remercie infiniment les promoteurs de ce génial concept de m’avoir contactée. Je ne manquerai pas de rejoindre leur écurie d’auteurs autoédités, dès que la banquise aura fini de fondre, mettons, pour fixer une échéance raisonnable.

              Condie Raïs, auteur en attente d’adoption.

 

Commentaires

Merci beaucoup pour cet article éclairant sur un phénomène ambivalent !

Écrit par : Hélène | 15/07/2013

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