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28/07/2013

Hiromi Kawakami : La Brocante Nakano

Kawakami Livre.jpgHiromi Kawakami  née en 1958 est une romancière japonaise née à Tokyo. Elle est diplômée de l'université pour femmes d'Ochanomizu. Depuis ses débuts en 1994, elle est définitivement devenue l'un des écrivains les plus populaires au Japon, et l'un de ceux qui parviennent à offrir leurs histoires en Occident. En 2000, elle reçut le Prix Tanizaki pour son roman Les Années douces. C’est en 2007 qu’est paru en France, La Brocante Nakamo.

Dans un quartier excentré de Tokyo, monsieur Nakano tient une brocante sans prétentions, où travaillent à ses côtés deux jeunes gens, Hitomi et Takeo. Takeo est surtout chargé des récupérations d’objets chez les particuliers qui déménagent ou vident leur logement de leurs encombrants, tandis qu’Hitomi la narratrice du roman, s’occupe de la boutique. A ces trois-là, ils convient d’ajouter Masayo, la sœur artiste de Nakano, qui passe souvent à la brocante et Sakiko, la maîtresse du propriétaire.

Le roman est découpé en douze chapitres qui chacun raconte une petite histoire, une scénette liée à un objet mais le fil conducteur du roman ce sont nos cinq personnages et plus particulièrement les relations entre Hitomi et Takeo. Leurs amours sont complexes car non dites. Les mots ne leur viennent pas car l’idée même qu’ils soient amoureux l’un de l’autre n’est pas claire dans leur tête. Lui est complètement immature quant à elle, si elle est plus entreprenante, elle n’est pas vraiment fixée sur ses sentiments. Le lecteur occidental retrouve là, les étranges rapports entre les êtres auxquels les romans japonais nous ont familiarisés. Des sentiments tus ou vaguement évoqués par allusions ou gestes anodins qui parfois font un peu cliché, mais devant l’accumulation de sources d’origine locale on ne peut que les croire.

Hiromi Kawakami nous offre un roman moderne et vieillot à la fois ; moderne car il se déroule de nos jours, vieillot car il nous renvoie à la tradition de ton du roman japonais fait de délicatesse exquise, de sentiments découverts par petites touches. Le récit est ponctué de minuscules détails sans importance à priori mais qui tissent en arrière-plan ce décor « exotique » qui séduit. Ce sont des odeurs (« Du corps de Takeo, l’odeur de la pluie est d’un seul coup montée à mes narines »), des petits bruits (« j’ai fait bouger la table et le papier d’argent sous la tarte a crissé ») ou des éléments incongrus (« Vous vous rendez compte, à son âge, se balader avec une alarme contre les satyres ! ») qui viennent enrichir le texte. A la brocante Nakano le temps semble suspendu, en équilibre instable entre un passé rassurant qui s’éloigne et un avenir incertain qui approche.

Nakano parle souvent par ellipses et ses réflexions paraissent parfois répondre aux interrogations muettes de Hitomi concernant ses relations avec Takeo, à moins que son obsession ne trouble son esprit. L’auteure rend à merveille aussi, ces scènes de déjeuner où patron et employés réunis autour d’un bol de nouilles, partagent cette intimité typique et peu loquace des gens qui se connaissent depuis longtemps.

Quand le roman s’achève, Nakano a vendu sa boutique et trois ans plus tard il en ouvre une nouvelle. Chacun était parti de son côté mais à l’occasion de cette inauguration, tous les acteurs se retrouvent, la vie semble reprendre son cours, comme hier mais pourtant différente. Un nouveau cycle s’ouvre, le temps des amours véritables pour Hitomi et Takeo ?   

 

« Hitomi, comment dire, je, je suis maladroit, excuse-moi. Takeo avait une toute petite voix. Maladroit ? A propos de quoi ? A propos de tout. Nul. Mais non tu sais. D’ailleurs, moi non plus, je ne sais pas m’y prendre. Ah bon ? Dis… Takeo me regardait droit dans les yeux pour une fois. Hitomi, est-ce que toi aussi, vivre, tout ça, tu as du mal ? »

 

 

Kawakami.jpgHiromi Kawakami  La Brocante Nakano  Picquier poche

Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu

 

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