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24/10/2013

James Lee Burke : Déposer glaive et bouclier

james lee burkeJames Lee Burke nait en 1936 à Houston au Texas et passe son enfance sur la côte entre le Texas et la Louisiane. Ecrivain américain de romans policiers, il est particulièrement connu pour sa série mettant en scène Dave Robicheaux. Issu d'une famille pauvre, son père est ouvrier dans une raffinerie, pendant la Seconde Guerre mondiale il fréquente l'école catholique où il se découvre une vocation d'écrivain. Après des études à l'Université de Louisiane du Sud-ouest ainsi qu’à l’Université du Missouri, il sort diplômé dans les domaines de la littérature et du journalisme. Après l'université, Burke a pratiqué plusieurs métiers, ouvrier du pétrole, routier, journaliste, assistant social, garde forestier, topographe, enseignant d'anglais.

Troisième ouvrage de James Lee Burke, Déposer glaive et bouclier qui a été écrit en 1971 mais n’est traduit qu’aujourd’hui, est le premier à mettre en scène un personnage récurrent, même si Hackberry Holland ne réapparaîtra que trente-huit ans plus tard (Rains Gods en 2009, pas encore traduit). Attention, il ne s’agit absolument pas d’un roman à suspense haletant ni même d’un polar comme la collection éditoriale ou l’auteur pourrait le laisser penser, mais d’un roman tout court et qu’on pourrait même qualifier de roman de mœurs. Je le précise pour qu’un quiproquo malheureux ne l’éloigne pas de son véritable public.

 Début des années 1970 au Texas. Hack Holland, bel homme de trente cinq ans est avocat, poussé par son associé de frère et sa femme Verisa, il se prépare un bel avenir dans la politique avec une élection au poste de sénateur au Congrès toute tracée. Il lui suffit de marcher dans les pas des notables et de la société distinguée d’Austin. En fait, ancien prisonnier traumatisé par un séjour en camp de prisonniers durant la guerre de Corée et marié à une femme glaciale, il boit trop. Quand Arturo Gomez, un vieux copain de l'armée, l'appelle depuis la prison où il a échoué, Hack décide de ne pas le laisser tomber.

Des salons huppés de la grande ville à ce bled paumé au fond du Texas, il y a un fossé. Ici les Noirs et les Mexicains, ouvriers saisonniers employés dans les champs de coton, doivent trimer comme des bêtes sans l’ouvrir pour des salaires de misère. Inutile de vous dire que les moindres syndicalistes, comme Arturo Gomez, sont des communistes de la pire espèce pour les rednecks locaux, le Ku Klux Klan et le shérif. Un évènement tragique va entrainer Hack Holland à prendre fait et cause pour les ouvriers agricoles, une décision lourde de conséquences qui l’obligera à faire des choix de vie bouleversant son existence, le mettant en prise avec l’ordre social et les convenances,  mais au terme desquelles il sortira ressuscité et débarrassé de ses angoisses. Un homme libre.

James Lee Burke réussit à nous faire ressentir des climats et des ambiances aussi variées que la chaleur qui règne au Texas, la souffrance physique et psychologique endurée dans un camp de prisonniers durant la guerre de Corée, le racisme écœurant et brutal des petits blancs de ces Etats du Sud, les humiliations et les violences supportées par les Noirs et les Mexicains. Et l’alcoolisme suicidaire de son héros finit même par donner mal au crâne au lecteur.    

Un bon roman pour une immersion dans la face sombre et populaire d’une certaine Amérique profonde.

 

« Mais je le connaissais, son monde, peut-être même mieux que lui. Je connaissais l’envie de vomir qui vous prenait lorsque vous entendiez le claquement du verrou derrière vous, la peur de retourner à l’isolement et les cauchemars qu’on en gardait, la prudence dont il fallait faire preuve face aux violents et aux fous, la honte de la masturbation et la tentation que représentait l’homosexualité, la terreur qu’on éprouvait lorsqu’un fusil armé était braqué sur votre visage, ces mois et ces années que ne motivait aucune finalité, la jalousie que provoquait la faveur d’un gardien accordée à un prisonnier, la pression constante des corps autour de vous et le fait qu’il y avait toujours des dizaines d’yeux pour vous voir accomplir vos besoins physiologiques les plus élémentaires. »

 

james lee burkeJames Lee Burke  Déposer glaive et bouclier  Rivages/Thriller (à paraître le 30 octobre 2013)

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Olivier Deparis

 

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