21/12/2014
Le marque-page
Si le lecteur et son livre forment un couple charmant, n’oublions jamais qu’un troisième larron se mêle souvent à eux, trace tangible de l’avancée de leur union, je veux parler du marque-page.
Jean-Marie Gourio écrivait dans son ouvrage Chut ! : « Il n’existe pas de livre qui ne possède son marque-page ! Vieux billet de train, ticket de métro, ticket de cinéma, fleur séchée, feuille d’arbre, bout de laine, carte postale, (…) tous ces petits objets entament une deuxième vie et nous les manipulons avec affection dès lors qu’ils nous rendent l’immense service de toujours répondre à la question terrible : où c’est que j’en étais moi hier soir ? »
Effectivement, le marque-page ce signet que l’on insère entre deux pages d’un livre, peut être de toute nature. Soit ce sera un petit objet quelconque, de ceux désignés par Gourio, dont on prolongera la vie par cette utilisation inattendue, pragmatique et poétique à la fois. Soit ce sera un véritable marque-page, acheté dans le commerce ou offert gracieusement par un éditeur par exemple, dans un but promotionnel. Car bien entendu, il n’est jamais permis de corner une page de livre !
Mes marque-pages, car j’en ai plusieurs, ressortent plus de cette dernière catégorie, exceptés deux modèles en métal, souvenirs chers m’ayant été offerts jadis. Je les conserve au fond d’un tiroir de mon bureau par sentimentalité plus que par utilité puisqu’en fait je n’en utilise que deux principalement. Un grand modèle en carton fort pour les gros livres, et un autre plus court et plus mince pour les bouquins en format de poche.
On voit là, le lien entre livre et marque-page, comme les couples, ils doivent être assortis. De temps à autre, je change de modèle mais j’en reviens toujours aux mêmes. Car si le signet m’accompagne tout du long de mes lectures, il ne doit pas se faire remarquer par son graphisme, son texte ou autre, ma priorité c’est le bouquin que je lis.
Durant la lecture il reste sagement coincé dans les dernières pages du livre, puis quand je sens que je vais m’arrêter, je le reprends en main et il m’accompagne pour les dernières lignes que je m’accorde. Ou bien je me fixe un but, cesser ma lecture à la fin d’un chapitre précis et je l’y place et il m’y attend sagement jusqu’à mon arrivée. Inversement, selon le type de bouquin – je parle de son épaisseur ou de la rigidité de sa jaquette -, il arrive un moment où le marque-page est rangé provisoirement en début d’ouvrage car sinon il forme une sorte d’obstacle désagréable au tournement des pages. On s’aperçoit alors, que l’utilisation de ce signet requiert expérience et méthode, ce dont on ne se serait pas douté, de prime abord.
Si j’étais honnête, j’ajouterais que mon attirail de lecteur s’accompagne aussi d’un crayon à mine et d’une feuille de papier où je prends des notes, mais ces détails triviaux n’ont que faire ici… Et vous, à quelle école vous rattachez-vous ? Celle des adeptes du marque-page occasionnel genre ticket de métro ou bien de ceux qui ne voient que par le vrai signet, conçu pour ?
08:00 Publié dans Les débats | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
Commentaires
Réponse à la dernière question : les deux, mon général. Vrais signets, et bouts de papier si je n'en ai pas sous la main. Mais jamais corner! Le pire ce sont les usagers de bibliothèque qui marquent d'une croix là où ils sont, sur la page (pfff!)
J'ajouterai des petits bouts de papier destinés à marquer les passages frappants, ceux qui vont - ou pas -m'aider à écrire un billet. Le nombre de petits papiers n'a d'ailleurs rien à voir avec mon avis sur le livre.
Je n'utilise pas de marque pages épais. Un peu cartonné, ça va.
Écrit par : keisha | 22/12/2014
Les livres empruntés en bibliothèque présentent parfois les traces des lectures passées et c’est franchement agaçant : croix, soulignements ou pire des commentaires écrits dans les marges ! C’est rare, mais ça arrive et cela m’exaspère car ma lecture (c'est-à-dire l’idée que je suis en train de me faire de ce livre) est contrariée par l’avis d’un autre. Quant aux notes que je prends en lisant, ce sont des impressions ou un mot noté qui me serviront pour mon billet, à moins que ce ne soient des notes pour mieux suivre la narration (généalogie par exemple car j’ai du mal avec les liens familiaux complexes).
Écrit par : Le Bouquineur | 22/12/2014
Depuis peu je me suis mise aux marque-pages aimanté qui permettent de secouer le livre dans tous les sens sans perdre sa page. Sinon il y a aussi la liseuse qui garde automatiquement la page...
Écrit par : Vio | 03/01/2015
Vous devez être une lectrice du genre baroudeuse ? Je ne connais pas ce type de marque-mage mais j’imagine bien le principe mais ce me serait désagréable car j’aime bien le tripoter quand j’arrive en fin de séance de lecture et les modèle en carton me semblent mieux adaptés… Quant à la liseuse, évidemment, elle sort du périmètre de mon billet. Merci d’être intervenue car votre commentaire apporte un éclairage que je n’avais pas envisagé !
Écrit par : Le Bouquineur | 03/01/2015
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