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30/06/2016

Scholastique Mukasonga : La Vache du roi Musinga

Scholastique Mukasonga Scholastique Mukasonga, née en 1956, est une écrivaine rwandaise d'expression française. Elle connaît dès l’enfance la violence et les humiliations des conflits politiques qui agitent le Rwanda. En 1960, sa famille est déplacée dans une région insalubre du pays et en 1973 elle est chassée de l’école d’assistante sociale de Butare et doit s’exiler au Burundi avant de s’établir en France en 1992. En 1994, année du génocide des Tutsi, elle apprend que 27 membres de sa famille ont été massacrés, dont sa mère.

En 2014 parait, Ce que murmurent les collines, un recueil de six nouvelles. La présente édition de poche, nommée La Vache du roi Musinga, contient trois de ces textes et permet d’approcher l’univers de l’écrivain.

Bizarrement, c’est la nouvelle donnant son titre au bouquin qui m’a le moins plu. Très certainement n’en ai-je pas cerné la portée profonde mais les références à l’histoire du pays ou ses légendes me sont passées au-dessus de la tête et pour le dire plus crûment m’ont légèrement ennuyé. Par contre j’ai bien aimé les deux autres textes, Le Bois de la croix et Un Pygmée à l’école. Beaucoup plus simples à comprendre, ils mettent mieux en valeur l’écriture de Scholastique Mukasonga, légère et aérienne, alors qu’en fait tout n’est que tristesse ou émotion esquissées.

Dans Le Bois de la croix, il est question de religion, celle des Pères missionnaires et des croyances locales ancestrales avec des allusions discrètes à la sexualité interdite des religieux blancs, et la narratrice encore enfant, obtenant son diplôme scolaire puis partant à l’internat dans la grande ville, loin de sa famille et premiers pas vers l’exil à venir. Un Pygmée à l’école, comme le titre l’indique, est une courte fable sur le racisme – une attitude universellement partagée. Un gamin d’origine Pygmée, soutenu par un prêtre contre l’avis des enseignants ruandais accède à l’école. Mis à l’écart mais secret ami de la narratrice et de ses deux copines, il s’avérera le plus doué de la classe mais ce n’est qu’en s’exilant dans un autre pays africain qu’il connaitra devenu un homme, un brillant avenir.

Dans tous les textes, même si l’auteure ne le dénonce pas franchement, nous sommes dans une société africaine sous la coupe de l’homme Blanc, ses prêtres missionnaires ou ses autorités politiques. Les natifs, selon leur caractère ou la situation, adoptent des attitudes différentes vis-à-vis de la religion qu’on veut leur inculquer, soit la ruse « - Les Pères te racontent leurs histoires. Moi, je vais te raconter l’histoire de l’arbre géant et de sa forêt comme ma mère me l’a racontée. » Soit le pragmatisme, « Il faut que, toi aussi, tu acceptes comme les autres le Rwanda que nous fabriquent les Blancs. »

Un gentil petit recueil qui ne m’a pas déplu du tout mais qui ne m’a pas emballé plus que ça, non plus. Mais comme l’ouvrage est court et son prix plus que modique, le détour en vaut la chandelle ne serait-ce que pour découvrir Scholastique Mukasonga.

 

« Certains prétendaient – et c’étaient certainement les gens de Kivumu qui faisaient courir le bruit – que les Blancs étaient venus pour s’emparer de nos morts et les rendre malveillants, plus malveillants qu’ils ne le sont déjà, à l’égard des pauvres Rwandais vivants. On avait remarqué en effet qu’ils étaient toujours à la recherche des mourants. Quand un de leurs boys signalait que, sur une colline, quelqu’un allait mourir, qu’un bébé qui venait de naître ne survivrait pas, un père accourait aussitôt et lui versait de l’eau sur la tête, et le malade, le vieillard ou le bébé mourait peu après. Comment pouvions-nous savoir, disait ma mère, que c’était ça le baptême qui faisait monter directement au ciel ? Quand on voyait un père s’approcher d’un enclos, on disait : « Quelqu’un va mourir », et on s’enfuyait. » [Le Bois et la croix]   

 

 

Scholastique Mukasonga Scholastique Mukasonga  La Vache du roi Musinga  Folio 2 euros – 107 pages –

Commentaires

Je crois qu'il est difficile d'apprécier pleinement des textes qui font référence à une culture qui n'est pas la nôtre. Avec les auteurs étrangers africains ou asiatiques, c'est souvent ce que je crains. Parfois c'est abordable (avec une fable, c'est plus simple) et parfois on sent qu'on passe à côté de l'essentiel d'un texte, court ou long.

Écrit par : Sandrine | 01/07/2016

C’est très vrai ce que tu dis Sandrine. Si je le ressens beaucoup moins chez les écrivains asiatiques au vu de mes lectures (je parle de Chine et Japon exclusivement), pour les africains c’est nettement plus difficile – sauf effectivement quand ils usent de la fable. D’ailleurs, je ne lis des écrivains africains que par hasard et non par choix (envois d’office d’éditeurs ou récemment de l’écrivain lui-même). J’exclue par contre de cette remarque sur les auteurs africains, ceux qui ont adopté un mode d’écriture et de pensée occidentale (par exemple Chimamanda Ngozi Adichie)

Écrit par : Le Bouquineur | 02/07/2016

J'avais beaucoup aimé son roman qui a eu le Renaudot.

Écrit par : Valérie | 02/07/2016

Valérie, je ne peux pas me prononcer sur son œuvre globale puisque je n’ai lu que ces quelques petits textes… mais disons que ça ne m’encourage pas à aller plus loin.

Écrit par : Le Bouquineur | 03/07/2016

Les commentaires sont fermés.