04/07/2022
Mark Haskell Smith : A bras raccourci
Mark Haskell Smith, né en 1957 à Lawrence dans l'état du Kansas, est un écrivain, dramaturge et scénariste américain, aujourd'hui principalement connu comme écrivain après avoir exercé au cours des années 1990 une éphémère carrière de dramaturge et avoir été scénariste pour le cinéma et la télévision. A l’époque, premier roman de l’écrivain, A bras raccourci (2002) vient d’être réédité en poche.
A Los Angeles, Bob trompe son ennui dans l’hôpital où il travaille en surfant sur des sites olé-olé. Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau, un bras sectionné destiné au médecin légiste. Un bras extrêmement séduisant pour Bob car érotiquement tatoué d’une superbe fille ne cachant rien de son anatomie. Cet amour soudain pour la pin-up va complètement chambouler la vie bien pépère de Bob…
J’avais raté le roman lors de sa sortie, trop farfelu m’avait-il semblé alors mais quelle heureuse idée que de m’y plonger aujourd’hui grâce à cette réédition, car s’il est effectivement bien barjot, je me suis bidonné tout du long ! Et vous lirez ma chronique en n’oubliant jamais que nous sommes dans un polar burlesque, quelques soient les motifs qui pourraient vous rebuter.
Si pour Bob le bras est une invitation d’ordre sexuel pour d’autres il a une importance plus capitale. Le membre appartient à Amado, bras (!) armé d’Esteban, mafioso mexicain régnant sur un petit empire de la drogue où l’on n’hésite pas à dessouder les agents de la DEA, si les flics récupèrent ce bras ils pourraient remonter à Esteban et enfin l’inculper car ce fameux bras a été tranché lors d’un meurtre. S’ensuit une série de quêtes, qué quêtes ? dirait le Mexicain : l’amputé veut retrouver son bras car il y est sentimentalement attaché, Esteban le veut aussi pour ne pas laisser d’indice aux flics, Don, le flic du LAPD qui n’a que cette pièce pour coincer Estaban et Bob veut le garder pour retrouver le modèle féminin qui l’orne… Si ce résumé ne vous amuse pas, laissez tomber l’affaire.
Pour épaissir le machin, l’écrivain rajoute d’autres acteurs qui chacun ont leurs cartes à jouer dans des domaines différents : des sbires d’Esteban qui profiteraient bien de la situation pour prendre sa place et des femmes, toutes terriblement sexy, qui cherchent à s’accaparer et garder leur bonhomme ou en changer si elle trouve mieux. Et j’en viens à ce qui rebutera certain(e)s, le roman est « chaud » bouillant. Il y a Maura, copine de Bob, des seins comme des obus et d’inquiétants fantasmes sexuels, dont le job consiste à donner « des séances de training à la masturbation », Felicia la pulpeuse fille du bras que Bob va finalement retrouver, Lupe le canon « aux nichons bio » d’Esteban…
Le récit saute d’un personnage à l’autre sur un bon rythme, cadavres à la Tarantino, sexy folies à la Tex Avery en plus hot, réparties et situations saugrenues mais aussi quelques réflexions plus sensées sur l’Amérique, sur L.A. et le monde. Même le dénouement en forme de bluette est très drôle au vu du contexte, « presque » moral. De l’humour peut-être pas raffiné, un bras qui n’est peut-être pas non plus à mettre entre toutes les mains, mais j’ai bien rigolé et c’est l’essentiel. Pour moi.
« Morris souleva le bras sectionné et le retourna. Il s’en échappa un filet de sang à demi coagulé qui se répandit sur le plateau d’inox. Ca n’était pas le bras de n’importe qui. Il était coriace, velu et menaçant. Tout en muscles. Et constellé de tatouages sur toute sa longueur, sur les deux faces. Les premières phalanges portaient quatre lettres composant le mot H-O-L-A. Morris le tourna à nouveau, révélant à Bob un portrait qui lui accrocha le regard. Une femme nue, splendide, couchée sur le dos, les jambes en l’air, avec un homme au-dessus d’elle, la tête entre ses cuisses. »
Mark Haskell Smith A bras raccourci Gallmeister Totem - 377 pages -
Traduit de l’américain par Stéphane Carn
07:00 Publié dans POLARS | Tags : mark haskell smith | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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