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09/12/2024

Henry James : Le Tour d’écrou

Henry James, Henry James (New York 1843 - Chelsea 1916) est un écrivain américain, naturalisé britannique en 1915. Elevé dans le culte de la civilisation européenne, il voyage très vite entre Europe et Etats-Unis et grâce à la fortune familiale se consacre uniquement à la littérature. Ses premiers textes sont publiés en 1864, son œuvre comptant plus d’une centaine de nouvelles et vingt romans. Roman court, Le Tour d’écrou (1898), suivi de L’Elève, une nouvelle de 1891, vient d’être réédité en poche.

Dans Le Tour d’écrou une jeune gouvernante, fille d’un pasteur de province, est nommée pour son premier emploi, préceptrice de deux très jeunes enfants, Miles (10ans) et Flora sa sœur cadette (8 ans), dans un manoir isolé en Angleterre. Bientôt, elle commence à voir des apparitions, Peter Quint et Miss Jessel, anciens employés du manoir, tous deux décédés assez mystérieusement apprendra-t-elle. Un homme et une femme qui auraient eu une mauvaise influence sur les enfants à l’époque comme lui révèlera Mrs Grose qui gère la maison. Pour la jeune gouvernante, les deux revenants maléfiques veulent se réapproprier les gamins ! Elle se doit de les en empêcher…

Tout l’attrait du texte réside dans le fait qu’on ne sait rien et qu’on ne saura rien ! Henry James joue sur l’ambigüité du récit et les fantasmes des deux adultes responsables des gosses ainsi que ceux de ses lecteurs qui selon leur tournure d’esprit pourront supposer y voir des situations effrayantes ou choquant la morale et ce fût le cas quand le roman sortit. La tension monte lentement car outre le danger potentiel causé par la présence proche des deux décédés, les enfants semblent favorablement attirés par ce couple. La préceptrice volontariste et Mrs Grose plutôt effrayée, s’allient pour ce combat. Entre réalité ou hallucinations, hypothèses et montage de bourrichon entre les deux femmes (« Et ensuite j’ai imaginé… et j’imagine encore. Et ce que j’imagine est effrayant. »), attitude étrange ou ambigüe des gamins, ellipses et inconnues (qu’ont fait de répréhensible Quint et Jessel, si ce n’est qu’ils étaient trop proches des enfants ?), vague impression de névrose d’origine sexuelle… etc. Un lieu isolé, du supposé surnaturel, des enfants innocents (?) corrompus (?) par des adultes, une jeune femme névrosée ? Les arcanes de la psychologie sont très mystérieux.

Le second texte, L’Elève, est une nouvelle avec là encore un précepteur et un jeune garçon. Pemberton, un jeune professeur diplômé d’Oxford est engagé par une famille d’Américains temporairement installés à Nice, pour s’occuper de Morgan, un enfant très intelligent mais à la santé fragile. Bien vite les relations entre eux deux deviennent complicité et attachement profond. Un attachement sur lequel les parents comptaient et jouent pour ne pas payer le précepteur, tout comme ils avaient procédé avec l’ancienne professeure de Morgan…

 

« Je reconnais que le fait que le spectre, ou quoi que ce fût, dont a parlé Griffin, soit apparu au petit garçon, à un âge aussi tendre, ajoute une touche singulière. Mais, à ma connaissance, ce n’est pas le seul exemple de cette sorte charmante, impliquant un enfant. Si l’implication d’un enfant donne un tour d’écrou supplémentaire, que diriez-vous de celle de deux enfants… ? – Nous dirions, bien entendu, répondit quelqu’un, qu’elle donne deux tours d’écrou ! Et aussi que nous aimerions en entendre parler. » [Le Tour d’écrou]

 

 

Henry James, Henry James   Le Tour d’écrou suivi de L’Elève   Points  - 246 pages -   

Traduction et postface de Jean Pavans

Commentaires

Je l'ai lu dans le cadre scolaire, et cela fait des années que je me promets de le relire, car il m'avait impressionnée, mais là, j'en ai quasi tout oublié..

Écrit par : Ingannmic | 09/12/2024

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Une lecture très intéressante où c’est pour ainsi dire le lecteur qui fait tout le boulot en imaginant à tort ou à raison ce qui se passe. Et comme il s’agit d’une nouvelle, ça se lit assez vite. C’est donc le moment d’y revenir !

Écrit par : Le Bouquineur | 09/12/2024

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