Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/01/2025

Edward Abbey : Seuls sont les indomptés

Edward AbbeyEdward Abbey (1927-1989) est un écrivain et essayiste américain, doublé d'un militant écologiste radical. Ses œuvres les plus connues sont le roman Le Gang de la clef à molette, qui inspira la création de l'organisation environnementale Earth First ! et son essai Désert solitaire. Après son décès à son domicile près de Tucson en Arizona (complications survenues après une opération chirurgicale) et selon ses dernières volontés, il est enterré illégalement dans le désert, probablement dans le sud de l'Arizona, en un lieu tenu secret, avec pour épitaphe : « No comment ». Roman de 1956, Seuls sont les indomptés, vient d’être réédité en poche. En 1962 le bouquin est porté à l'écran par David Miller avec Kirk Douglas et Gena Rowlands dans les rôles principaux.

Nouveau-Mexique dans les années 50. Jack Burns, un solitaire épris de liberté, vit de petits boulots ou gardent les moutons, voyage à cheval sur sa jument Whisky, couche à la belle étoile, réfractaire à la société moderne. Apprenant par hasard que son ami Paul Bondi a été incarcéré pour avoir refusé de se soumettre à ses obligations militaires, Jack décide de se faire arrêter pour le libérer. Une évasion qui va tourner en chasse à l’homme à travers les montagnes…

Un excellent roman, comme souvent avec Edward Abbey, avec un récit qui enchaîne trois points forts, le séjour en prison, la fuite dans les montagnes et le dénouement.

En prison, Jack retrouve son copain Paul et lui annonce immédiatement son intention, les faire évader au plus vite, d’ailleurs dans ses bottes il a une paire de limes ! Cette partie du roman est une discussion politique/éthique/philosophique ou autre qualificatif entre les deux hommes car Paul n’a pas du tout l’intention de s’évader au grand dam de Jack. Deux positions s’affrontent, Jack l’homme libre, peut-être déjà recherché par les autorités car lui aussi n’a pas répondu à la conscription, c’est un marginal, un maverick. Il se méfie des institutions, écoles ou banques etc. Pour lui seule la liberté totale est acceptable, à n’importe quel prix, mais il est fidèle en amitié. Paul, lui, enseignant, écrit « une théorie générale du bien et du mal », il est marié avec un enfant. Il a refusé la conscription et ne transigera pas là-dessus, il accepte d’être traité d’anarchiste mais « je suis un anarchique cynique » car pour lui, c’est une cause perdue. Il a été condamné et l’accepte malgré sa famille qui l’attend, « Je sais juste que si je ne reste pas, je cède. Je serai hanté toute ma vie par cette capitulation ». La mort dans l’âme mais respectant la position de son ami, Jack s’évade seul.

En fil rouge, un camionneur fatigué et malade qui enfilent les kilomètres et dont on ne comprend pas son rôle dans cette histoire… jusqu’à ce qu’il frappe !

Le shérif et ses hommes vont se lancer à sa poursuite dans la montagne, le récit tourne franchement au Nature Writing, faune, flore, conditions de vie précaire, alimentation difficile etc. De très belles pages ne manquant pas de lyrisme. Un pisteur Indien puis l’armée qui envoie un hélicoptère en renfort, la situation devient dramatique. Pour Jack, comme pour le lecteur, trois hypothèses, il réussit à fuir, il se rend (mais ça personne n’y croit !), il se fait tuer ? Je vous laisse le découvrir avec un dénouement inattendu.

Excellent roman, je le répète. Amitié chaude et virile, décors grandioses, deux conceptions de la vie, de la morale et du monde qui s’opposent, de la nostalgie poétique, une belle écriture et une trace d’humour parfois (« - Je connais des endroits ici même, dans l’Ouest américain, où l’homme blanc n’a encore jamais mis les pieds. Bondit sourit. – Les toilettes pour femmes, tu veux dire ? »).

Merci l’Abbey !

 

« - Oui. Si je devais choisir entre mon pays et mon ami, je choisirais mon ami. (Il sourit d’un air timide.) Tu sais, ma perception de la loyauté est en plein chamboulement. Par exemple, je pense éprouver davantage de loyauté envers des choses concrètes et tangibles comme ma femme, mon fils, envers toi ou moi qu’envers des abstractions massives comme la Démocratie, Dieu ou les Etats-Unis d’Amérique. Je sais que c’est étrange – une inversion malsaine des valeurs. Mais c’est plus fort que moi, apparemment. »

 

 

Edward AbbeyEdward Abbey   Seuls sont les indomptés   Gallmeister Totem  - 389 pages  -

Traduit de l’américain par Laura Derajinski et Jacques Mailhos

 

Commentaires

Tu penses bien que je l'ai lu (et je crois, vu le film après) Recommandé!

Écrit par : keisha | 02/01/2025

Répondre à ce commentaire

Je sais que tu l’as lu, je m’en doutais. Quant au film, je n’en ai pas le souvenir, mais je serais étonné de ne pas l’avoir vu à la télé ! En tout cas, nous pouvons conjointement recommander ce bouquin à tous ceux qui ne l’ont pas encore lu.

Écrit par : Le Bouquineur | 02/01/2025

Evidemment, j'ai prévu de lire Edward Abbey un jour ou l'autre !

Écrit par : je lis je blogue | 02/01/2025

Répondre à ce commentaire

Si je te comprends bien, tu ne l'as jamais lu ? Il alors grand temps de t'y plonger, une bonne résolution pour cette nouvelle année, non ? C'est vraiment très bien.

Écrit par : Le Bouquineur | 02/01/2025

Écrire un commentaire