23/01/2025
Sylvain Prudhomme : Coyote
Sylvain Prudhomme, né en 1979, est un écrivain français. Il a passé son enfance dans différents pays d'Afrique (Cameroun, Burundi, Niger, île Maurice) avant de venir étudier les Lettres à Paris, puis de diriger de 2010 à 2012 l'Alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor, au Sénégal. Il est agrégé de lettres modernes. Il est l'auteur de romans et de reportages, dont plusieurs ont pour cadre l'Afrique contemporaine, où il a vécu et travaillé.
Coyote (2024) est un récit de voyage le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. A l’origine, un trajet de deux semaines en stop pour les besoins d’un reportage pour la revue America. Tiré des notes de son carnet, ce livre nous en donne à voir l’essentiel et je dois hélas en conclure que c’est vraiment décevant !
Décevant car on n’y apprend rien de particulier quand on suit un peu ce qui se passe outre-Atlantique, décevant car non seulement le bouquin est maigre en contenu mais l’éditeur/l’écrivain « trichent » par une astuce de mise en page qui le rend plus long qu’il n’est réellement.
Une série de rencontres avec des gens ordinaires, américains ou mexicains, exerçant diverses activités plus ou moins légales, un routier, un réparateur d’ordinateur, des ouvriers, un trafiquant de drogue, un artiste, une employée de station-service, un type qui a beaucoup vécu avec des hauts et des bas et représentant « La folie américaine des fortunes qui se font et se défont en quelques jours. » etc. Une rencontre amusante pour le lecteur, mais moins pour l’écrivain, un type à poil et en sueur dans sa voiture propose de l’emmener si lui aussi accepte de se déshabiller ! J’espère ne rien vous divulgâcher si je vous dis qu’il a refusé…
Chaque rencontre se traduit en dialogues extrêmement courts, en anglais ou espagnol et en français pour qu’on comprenne le sens général des propos ; ces dialogues sans tirets mais mise à la ligne pour chaque intervention, donnent une allure typographique de poème au texte (et vous comprenez pourquoi ça allonge artificiellement la pagination), une photo de l’interlocuteur qui l’a véhiculé illustre la rencontre. Honnêtement, pour moi, ça n’a guère plus d’intérêt que les micros-trottoirs des JT de 20h.
Quelques bribes de dialogues intéressantes : avec un couple dirigeant une entreprise rachetant les boîtes en dépôt de bilan, à propos de Trump, « Ce mec a des couilles. (…) Je suis presque jamais d’accord avec lui, mais je trouve qu’au moins il ose. » Ailleurs avec un Mexicain étonné de croiser le Français, « Pardon c’est bête mais pour nous les Français c’est des gens faibles, efféminés. Un peu homosexuel quoi. Ça te vexe pas ? »
Un bouquin vraiment trop léger pour moi.
« Marcher au Mexique c’est se mouvoir dans un monde en surchauffe, le monde du désert écrasé de lumière, des fusillades, des règlements de compte entre narcos, des éclats de soleil sur l’acier des armes et le verre fumé des lunettes et le fuselage noir de Hummers. Maintenant j’y suis. Comme prévu le soleil cogne. Je m’avance vers le poste-frontière. J’entre dans le couloir qui me fera déboucher aux Etats-Unis. Je me demande si de l’autre côté tout sera froid et bleu. Mais non : côté américain aussi c’est la fournaise. Côté américain aussi le goudron brûle et les camions m’ignorent. »
Sylvain Prudhomme Coyote Les Editions de Minuit - 253 pages -
06:00 Publié dans DOCUMENTS, VOYAGES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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