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24/01/2017

Marcel Proust : Journées de lecture

marcel proust, saintine, Marcel Proust, né et mort à Paris (1871-1922), est un écrivain français dont l'œuvre principale est une suite romanesque intitulée A la recherche du temps perdu, publiée de 1913 à 1927.

Journées de lecture n’est pas un texte inédit de Proust. Dans sa première version il a été écrit pour servir de préface à la traduction d’un recueil de John Ruskin (Sésame et les lys) quand Proust, âgé de trente-cinq ans, est encore inconnu, donc antérieur à La Recherche. Ce texte déjà disponible dans Pastiches et mélanges (L’Imaginaire) ou encore Contre Sainte-Beuve (La Pléiade) vient tout juste d’être réédité en poche.

Il est donc question de la lecture, notre occupation favorite à tous, mais vue par Marcel Proust, c'est-à-dire avec son style déjà reconnaissable entre mille, fait de longues phrases au rythme envoûtant, de réflexions diverses et d’introspection. Je m’étonne toujours à le lire, d’accepter chez lui qu’il en fasse des tartines (comme cette phrase qui débute au bas de la page 28 pour ne trouver son point final qu’en haut de la page 30) alors que je détesterais cela chez un autre : le talent de Proust. C’est en cela aussi que ce mince ouvrage ne pourra plaire à tout le monde…

Donc, les lectures de l’enfance, le temps que l’on y consacre mais qu’il faut stopper le temps du repas ou du goûter ; la tristesse de l’auteur quand un roman s’achève et qu’il reste sans nouvelles du futur de ses personnages ; les effets thérapeutiques de la lecture mais ses effets négatifs aussi si l’on n’y prend garde.

Proust peut aussi être en désaccord avec Ruskin. Quand celui-ci voit la lecture comme une discussion entre l’écrivain et son lecteur, Proust démontre « que la lecture ne saurait être assimilée à une conversation, fût-ce avec le plus sage des hommes » puisque le lecteur est toujours seul face au texte. Autre passage intéressant, « cette prédilection des grands esprits pour les ouvrages anciens » qui s’explique ainsi : « car ils contiennent toutes les belles formes de langage abolies qui gardent le souvenir d’usages, ou de façons de sentir qui n’existent plus… »

Enfin, un détail minuscule mais qui m’a ravi, au détour d’une phrase est cité le nom de Saintine, un écrivain franchement peu connu.

 

« Si le goût des livres croît avec l’intelligence, ses dangers, nous l’avons vu, diminuent avec elle. Un esprit original sait subordonner la lecture à son activité personnelle. Elle n’est plus pour lui que la plus noble des distractions, la plus ennoblissante surtout, car, seuls, la lecture et le savoir donnent les « belles manières » de l’esprit. La puissance de notre sensibilité et de notre intelligence, nous ne pouvons la développer qu’en nous-mêmes, dans les profondeurs de notre vie spirituelle. Mais c’est dans ce contact avec les autres esprits qu’est la lecture, que se fait l’éducation des « façons » de l’esprit. Les lettrés restent, malgré tout, comme les gens de qualité de l’intelligence, et ignorer certain livre, certaine particularité de la science littéraire, restera toujours, même chez un homme de génie, une marque de roture intellectuelle. La distinction et la noblesse consistent dans l’ordre de la pensée aussi, dans une sorte de franc-maçonnerie d’usages, et dans un héritage de traditions. »

 

marcel proust, saintine, Marcel Proust  Journées de lecture  Folio – 81 pages –

 

 

 

 

 

Cadeau : vous trouverez ICI une version téléchargeable gratuite du texte. Merci qui ?