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16/09/2017

Lire puis écrire parcours logique ?

Si toutes les hypothèses peuvent être envisagées, j’imagine mal qu’on se lance dans l’écriture sans avoir d’abord beaucoup lu. A passer son temps à regarder les autres agir, vient un jour où l’envie vous titille d’en faire autant. Il me semble.

Et je sais de quoi je parle puisque à une époque j’ai tenté l’aventure. Epoque lointaine, les ordinateurs n’existaient pas, je n’avais que ma petite machine à écrire, un modèle franchement basique, sur lequel je m’escrimais comme un malade. C’est là que j’ai pu constater que l’écriture était aussi une épreuve physique : taper à deux doigts sur des touches récalcitrantes n’est pas une mince affaire, les idées vont plus vite que le texte n’est frappé, on s’en énerve, l’orthographe en pâti ce qui agace encore plus, parfois le papier supporte mal cette violence mal contenue. Quand enfin une page était terminée, sa relecture était affligeante. Corrections en tout genre à y apporter, lignes supplémentaires à ajouter, paragraphes à déplacer… Quand le traitement de texte n’existait pas encore, bonjour les dégâts et la somme de boulot !

Puis vinrent les ordinateurs. Un progrès considérable quant à la manipulation du texte, les corrections orthographiques automatiques (qu’il faut néanmoins fignoler dans le dernier jet), les mises en page et autres joyeusetés techniques du job. Et pourtant, bien que la douceur du clavier soit un plus évident, il reste une part physique inaliénable. Elle tient dans la position assise, l’œil fixé sur l’écran, les poignets malmenés par l’effort continu mais encore par la concentration sur l’histoire que l’on développe. En période de production intense (trente minutes ou deux heures, qu’importe), je ressortais en sueur, lessivé par mon labeur, affolé par cette expérience quasi mystique, comme une transe, me donnant l’impression que le texte me sortait des doigts, courant sur l’écran de l’ordinateur, indépendamment de ma pensée. Une délicieuse jouissance.

Je n’ai jamais écrit de roman car je ne m’en sentais pas capable : pas assez de temps libre pour m’y consacrer, pas assez d’envergure intellectuelle pour envisager un texte aussi long… Alors je me suis rabattu sur l’écriture de nouvelles. Car l’amateur s’imagine que c’est plus facile que le roman. Au début, des histoires extrêmement courtes, comme ces blagues dont le sel réside dans la chute. Puis, d’une page j’ai commencé à construire un semblant d’édifice. Ces développements m’ont incité à peaufiner mon style, châtier la langue et c’est ainsi que j’ai réellement découvert la musique qui sourd au travers des lignes d’un écrit et partant de là, le rythme.

De nos jours l’autoproduction permet d’offrir au monde ses travaux sur la Toile, facilement et pour pas cher. Ca ne garantit pas la qualité mais ça entretient les prétentions. Autrefois il fallait envoyer son manuscrit aux éditeurs : frais de timbres, angoisse dans l’attente d’une réponse favorable et découragement accablant quand la réponse était négative. Bref, une opération à inscrire au registre des pertes. J’ai échappé à cet angle de l’affaire pour deux raisons, l’autoproduction était inconnue (elle existait mais en version papier et il fallait payer cher un imprimeur) et surtout, j’ai eu assez de jugeote pour me lire et me relire et constater que mon « talent » ne méritait pas une telle exposition.

L’expérience reste néanmoins grandement positive de mon point de vue. J’ai acquis une certaine expérience de l’écriture, je me fais un début d’idée de ce que ressentent les vrais écrivains quand ils œuvrent. Un peu comme les joueurs de football amateurs quand ils regardent les matchs à la télé. Serein j’ai repris la place qui était la mienne, lecteur, et c’est très bien ainsi.

J’en viens enfin à ma question du jour, vous qui lisez beaucoup, avez-vous aussi été tentés par l’écriture ? Venez vous confesser sans peur, je ne distribuerai que des absolutions !