17/10/2012
Jean-Loup Trassard : L’ancolie
Jean-Loup Trassard est né en 1933 dans la Mayenne et il publie des livres depuis le début des années 60, tout en s’adonnant à la photographie et à l’élevage de bœufs près de sa maison natale où il vit une partie de l’année. Toute son œuvre est tirée de son enfance à la campagne, des travaux des champs, des saisons qui rythment la vie paysanne.
L’ancolie est un recueil de neuf nouvelles parues en 1975. L’ancolie, dite aussi Gant de Notre-Dame, est une plante cultivée dans les jardins à cause de la beauté de sa fleur, nous apprend Le Grand Littré ce qui donne le ton du livre et fait dire à l’auteur « L’ancolie fleurissait toujours sous un même pommier, dans un seul petit pré. Chaque année nous rendions visite à ce point bleu de l’espace. » Toutes les nouvelles présentées ici tournent autour du thème de la vie à la campagne, les cultures, la chasse, les petits sentiers dans les champs, la neige ou le soleil, le froid et le chaud, les petits métiers comme le sabotier.
Des textes délicats servis par une écriture et un style très fouillés pour ne pas dire complexes. Je dois reconnaître qu’il ne m’a pas été aisé d’entrer dans cet univers plus proche de la poésie que de la prose, fait de tournures de phrases déroutantes où adjectifs et compléments ne sont pas placés où le lecteur lambda les attend. Souvent il faut relire une phrase pour en comprendre le sens, les mots sont connus mais leur place dans la phrase rend perplexe. Le texte Renaissance des dehors et des dedans d’une forêt, est constitué de deux textes, l’un occupant les pages paires, l’autre les pages impaires. D’ailleurs les nouvelles les plus complexes à lire sont placées au début de l’ouvrage, comme pour décourager les impatients, ceux qui veulent du sens immédiatement. Se lancer dans la lecture de L’ancolie c’est prendre un risque, celui d’être déçu et d’abandonner très vite, ou bien d’atteindre des zones peut fréquentées de la littérature et d’y trouver une beauté absolue. La beauté à toujours un prix, ce sera celui de l’effort que vous voudrez lui consentir.
« Dans le jardin traversé la couche de neige avait beau être somptueuse, de façon évidente les formes en dessous l’apprivoisaient, allées, bassins, grillages et petits escaliers. Le portail près du pavillon n’avait pas grincé, ou du moins pas avec le même ton qu’à l’accoutumée, et la route perdait toute limite par rapport à ses bas-côtés, mais les restes obstinés d’un charroi y étaient inscrits. »
Jean-Loup Trassard L’ancolie collection L’Imaginaire chez Gallimard
08:41 Publié dans NOUVELLES | Tags : jean-loup trassard | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |