17/01/2019
Anne-Cécile Makosso-Akendengué : Louisette s’invite à notre table
Anne-Cécile Makosso-Akendengué est née dans le Maine-et-Loire. Après une vingtaine d'années passées au Gabon pays de son époux, dont quelques unes à enseigner la philosophie, elle réside actuellement à Angers. Une petite poignée de livres - tous chroniqués ici – avant ce nouveau roman, Louisette s’invite à notre table, qui vient de paraître.
Lors d'un repas de famille, un jeune homme, Yves, découvre qu'il a une aïeule gabonaise, Louisette. A la surprise succède la joie de voir sa vie tristounette d’employé de banque s’animer un peu. Désormais il a un objectif, retrouver ses racines et faire connaissance avec l’Afrique et le Gabon en apprenant la langue de son arrière-grand-mère – le myèné. Il passe une petite-annonce et Katie, une étudiante gabonaise en psychologie, se propose pour venir lui donner des cours afin de payer ses études.
Le sujet du roman était excellent - un jeune Blanc qui se découvre une origine africaine – offrant mille possibilités pour le traiter. Hélas, le livre ne tient pas ses promesses. Tout d’abord parce que l’angle d’attaque du projet, à savoir la langue, tourne court trop rapidement. Ce n’est faire injure ni aux Gabonais, ni à l’auteure, que de dire que je me fiche pas mal de savoir comment on traduit tel ou tel mot dans leur langue (ce serait d’ailleurs la même chose pour du polonais ou du gallois), des listes que j’ai vite sautées ; seuls quelques rares termes appelant des déclinaisons méritent un court intérêt (« Iwènè : le sein (ambènè au pluriel, ce qui très logiquement encore donnera ambeningo, le lait »). Comme le sujet traité ne tient que sur ce pilotis on ne peut qu’être déçu. D’autant qu’on ne saura quasiment rien de Louisette, enfant adoptée ramenée des colonies, et encore rien n’est vraiment certain. Pour ne rien arranger, la « gentille » idylle entre Yves et Katie manque singulièrement d’originalité pour ne pas dire d’intérêt et le court bouquin n’évite pas les répétitions (lui, est seul ; elle, n’avait pas prévu d’enseigner).
Un livre dont on pouvait attendre beaucoup mais qui au final, ne donne rien. Le Gabon nous reste tout aussi inconnu avant comme après lecture. Le sujet envisagé restant à exploiter, Anne-Cécile Makosso-Akendengué pourra s’y atteler dans un prochain ouvrage à condition d’y mettre plus d’ambitions et de volume. Nous le souhaitons et nous l’attendrons.
« Yves semble gêné maintenant de payer. Pourquoi ? Je lui dirai qu’il n’a pas besoin d’utiliser à chaque leçon une enveloppe. C’est du gaspillage, et je n’en ai pas besoin, je peux prendre les billets et les mettre dans mon porte-monnaie. Il me fait sourire avec ses enveloppes. Il a des scrupules à me payer ? Il me fait sourire aussi avec ses manières un peu compliquées. Il a l’habitude de m’offrir à boire après m’avoir payé la leçon. Je comprends qu’il veut séparer les actions, les différents moments de nos rencontres. Je sens qu’il ne veut pas que celles-ci se réduisent à la relation professeur-élève. J’en suis flattée maintenant. Presque touchée. Je ne veux plus être seulement la prof’. »
Anne-Cécile Makosso-Akendengué Louisette s’invite à notre table L’Harmattan – 100 pages –
07:33 Publié dans Français | Tags : anne-cécile makosso-akendengué | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |