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12/05/2025

Chester Himes : Retour en Afrique

Chester Himes, Chester Bomar Himes (1909-1984) est un écrivain américain. Après des études à l’université d’Ohio State, il passe sept ans au pénitencier de l’Etat d’Ohio pour vol à main armée. C’est là qu’il écrit son premier roman. En 1953 il quitte les Etats-Unis pour s’installer définitivement en Europe, où il meurt à Alicante en Espagne. Retour en Afrique (1965) qui s’inscrit dans la petite dizaine de romans de la série Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, vient d’être réédité dans une nouvelle traduction.

Harlem à New York. Le révérend Derek O’Malley, arnaqueur professionnel et leader du Mouvement pour le Retour en Afrique, organise un meeting devant une centaine de familles pour leur vanter les mérites du retour en Afrique, un voyage qu’il va leur concocter contre un modeste pécule de mille dollars. Son prêche est subitement interrompu quand un camion conduit par un Blanc fonce dans la foule et embarque la recette de 87 000 dollars. Ed Cercueil et Fossoyeur Jones sont chargés de l’enquête…

Je ne sais plus si j’avais déjà lu ce roman, il y a tant d’années que je n’avais plus croisé les deux olibrius, cette réédition tombait donc à point pour me régaler à nouveau.

Oui l’intrigue est parfois tirée par les cheveux mais tout le reste est tellement épatant que ce n’est qu’un détail. Le récit est rapide, les multiples personnages hauts en couleurs (si j’ose dire) : les deux flics Noirs sont du genre « spéciaux », « on aurait dit deux éleveurs de porcs en week-end dans la grande ville » peut-être, mais ils foutent la trouille, Fossoyeur Jones « grand gaillard à l’air coriace, dans un costume noir fripé, coiffé d’un vieux chapeau noir, le menton envahi de barbe, la bosse du révolver à hauteur de son cœur, avec des épaules de lutteur », quant à son collègue et ami, « coulé dans le même moule, aurait-on dit, sauf que son visage, ravagé par le vitriol, était maintenant tiraillé par un tic familier ».

Les deux compères ne s’embarrassent pas de manières ou de procédures pour mener à bien leur enquête, au grand dam de leur patron. Ils vont donc nous entrainer dans Harlem, « une ville sournoise et rude », de bars crasseux en hôtels minables, peuplés de putes à grande gueule, de camés besogneux, de pochards et clodos, bref de toutes les épaves de Harlem. Un Magical Mystery Tour qui n’est pas pour les touristes.

La cavalcade part dans tous les sens, O’Malley veut récupérer son fric, les deux flics le veulent aussi pour pouvoir rembourser les pauvres gogos escroqués, des désespérés, habitants du ghetto et rêvant de retrouver l’Afrique de leurs ancêtres, et puis il y a aussi un colonel Sudiste du Kentucky qui lui milite pour le retour des Noirs dans le Sud mais veut aussi le magot. Des cadavres jonchent le parcours, parfois on ne comprend pas très bien ce qui se passe et l’épilogue final est très amusant !

Un polar, roman social, avec ses scènes de rue, ses figures cocasses, dont la ville est le personnage principal, « Harlem est une cité de sans-abri », les uns ayant fui le Sud car ils ne pouvaient s’y sentir chez eux, les autres expédiés vers le Nord par les Sudistes Blancs en représailles contre les lois antiségrégationnistes.

 

« Une semaine s’était écoulée. Harlem avait tenu la vedette à la une des journaux de faits divers. Des mignonnes effrontées à la peau brune et des tueurs sadiques y voisinaient avec des colonels du Sud et deux inspecteurs du quartier complètement cinglés, pour la plus grande joie du public. Dans ces récits fumants de vols et de massacres, Harlem était présenté comme un foyer de crime et de débauche. »

 

Chester Himes, Chester Himes   Retour en Afrique   Folio  - 321 pages -    

Traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Sergent révisée par C. Jase

 

PS : Si la qualité du texte n’est pas remise en cause, je déplore que l’exemplaire de mon bouquin soit truffé de fautes d’imprimerie : « Vous n’avez qu’à nie les envoyer, et on fera le nécessaire » ou encore « Il filmait un cigarillo à bouts coupés » etc.

 

 

06:00 Publié dans POLARS | Tags : chester himes | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |