11/11/2019
Blogueur, un job usant
Ces dernières semaines, plusieurs blogs que je visite régulièrement montrent des signes d’usure ou de lassitude mal définie par leurs rédacteurs. Moi aussi je suis passé par cet état, pensant abandonner voire fermer mon blog mais j’ai d’abord tenté de comprendre pourquoi j’en avais marre car ce n’était pas naturel : j’adore lire, n’imaginant pas ma vie sans lectures, et tout autant écrire. Alors d’où venait mon problème ?
C’est à partir de ma propre expérience que je vais essayer de donner quelques conseils à mes collègues blogueurs ou futurs rédacteurs de billets.
Le point le plus essentiel, ne pas tomber dans le stress ! Ca y est, lui aussi va nous bassiner avec ce concept moderne qu’on dégaine à toute occasion. Et pourtant. Au départ, je lis pour mon plaisir et rédige mes billets comme des aide-mémoire dans le même esprit, alors pourquoi ne pas en faire profiter les autres par cet outil moderne qu’est le blog ? C’est peut-être un peu prétentieux comme démarche, mais passons. Donc j’ai construit mon blog et vogue la galère mais qu’allais-je y faire dans cette galère, ai-je un jour pensé, car j’étais tombé dedans, dans le piège.
On pense créer un blog et y déposer ses billets à son rythme, pépère ou pas selon son caractère. Sauf que votre hébergeur de blog va vous proposer d’installer un compteur de visiteurs ou un module de statistiques, ce qui paraissait une super bonne idée se transforme bien vite en première marche du cauchemar. On suit ses chiffres de fréquentation, au début c’est timide puis on comprend comment fonctionne le système, on étend son réseau en se montrant sur les blogs des copains et copines et en retour la courbe d’audimat se redresse, et comme avec une drogue on devient prisonnier de ce compteur car quand la courbe retombe, on fait la gueule. Vite, sur la Toile on cherche les conseils des anciens : « multiplier les billets pour maintenir vos lecteurs attentifs » disait l’un, alors je me suis mis à lire frénétiquement, atteignant difficilement mes trois billets par semaine. Je me suis sorti de ce traquenard quand j’en ai pris conscience : premièrement j’ai changé de compteur, un truc très basique et à moitié fiable que je ne consulte plus aussi régulièrement, deuxièmement j’ai réduit la voilure en n’écrivant que deux billets par semaines. Si ça ne devait pas suffire je suis prêt à n’en écrire qu’un.
Le compteur de visiteurs induit un autre type de drogue, à savoir les réseaux sociaux. Là encore, si votre blog est rattaché (comme le mien) à une page Facebook et/ou un compte Twitter, le nombre d’abonnés à votre petite entreprise va vite vous stresser (surtout si vous le comparez à d’autres gens dans votre genre). Il faut absolument se détacher de cet affichage qui tue, sachant que ça va et ça vient très naturellement : un temps personne ne s’intéresse à vous, puis une vague d’abonnés déboule avant de s’effriter et ainsi de suite.
Nous avons vu les motifs de stress, ajoutons-y l‘usure naturelle. Après chaque lecture ces billets qu’on écrit et qui – selon la dose de talent dont nous disposons – deviennent répétitifs et donc lassant même pour leur rédacteur. Les sujets des romans ne sont pas si nombreux qu’on le croit, seul leur traitement fait la vraie différence. Et là je vous parle des vrais écrivains, alors moi modeste scribouillard de blog quand je rédige mon compte-rendu avec mon pauvre vocabulaire, je finis par tourner en rond avec mes propos et considérations bas de gamme. Si je n’en avais pas conscience, ça ne me poserait pas de problème mais hélas, ce n’est pas le cas, conséquence j’ai failli laisser tomber l’affaire plus d’une fois. Mais 1- j’aime écrire et ayant abandonné depuis longtemps toute ambition littéraire même secrète, il ne me reste que ça pour utiliser mon traitement de texte. 2- je n’oblige personne à venir sur mon blog. Qui m’aime me suive, quant aux autres ils font ce qu’ils veulent….
Je vais conclure pour ne pas vous ennuyer plus longtemps. Ne jamais s’imposer de cadences de publication de billets, jamais ! Ne pas faire une fixation sur le nombre de gens qui lisent vos billets ou vous suivent sur les réseaux sociaux. Ne jamais tomber dans le piège de la compétition. Ne lire que pour soi, n’écrire ses billets que pour soi (s’ils plaisent tant mieux, sinon tant pis) et donc réduire ses listes de livres à lire aux plus strictement essentiels, ne pas s’inscrire à trop de challenges de lectures proposés par certains collègues ; le concept est très instructif et permet de belles découvertes d’auteurs mais ça oblige à lire des bouquins non prévus...
La lecture est un plaisir solitaire qu’on peut éventuellement faire partager aux autres. Eventuellement, j’ai dit. Alors, si vous avez un petit coup de mou, décélérer, mettez en pause. Si ça doit repartir, ça repartira. Sinon tant pis, la seule chose qui importe c’est que vous continuiez à lire, tranquillement, ce qui vous plaît.
07:04 Publié dans BILLETS DIVERS | Tags : blogs | Lien permanent | Commentaires (14) | Facebook |