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22/08/2022

Evgueni Zamiatine : Nous

Evegueni Zamiatine, Vladimir Nabokov, Ivan Bounine, Aldous Huxley, George OrwellEvgueni Ivanovitch Zamiatine (1884-1937) parfois appelé en français Eugène Zamiatine ou Ievgueni Zamiatine, est un écrivain russe puis soviétique, également ingénieur naval et professeur. Je n’entre pas dans le détail de ses rapports houleux avec les pouvoirs de l’époque car son œuvre est constamment animée par une volonté hérétique qui lui vaudra les foudres de la censure des gouvernements tsariste, puis communiste. Il quitte l'URSS en 1931 et, après un passage par Berlin, s'installe à Paris en 1932. Zamiatine y écrit encore quelques nouvelles, ainsi que le scénario de l'adaptation cinématographique des Bas-fonds de Gorki par Jean Renoir. Il meurt le 10 mars 1937 d'une angine de poitrine. Il est enterré dans le cimetière parisien de Thiais. Un mois après sa mort, au cours d'une soirée commémorative, Vladimir Nabokov et Ivan Bounine lurent deux de ses nouvelles.

Nous (1920) jusqu’alors connu en France sous le titre Nous autres, doit son nouveau titre à sa dernière traduction (2017) faite à partir de sa version originale russe, et non à partir de sa traduction anglaise. Roman de science-fiction, dystopie (?), il aurait inspiré Aldous Huxley pour Le Meilleur des mondes (1932) et George Orwell pour 1984 (1949).

Longtemps, longtemps après une très longue guerre qui a décimé la majeure partie de la population mondiale, les hommes vivent sous une énorme cloche de verre, sous la férule acceptée du Bienfaiteur qui « détient les clés de la forteresse inexpugnable de notre bonheur » comme l’écrit D-503 notre héros, dans son journal, ce livre. Mathématicien, il a conçu et supervise la construction de l’Intégral, un vaisseau spatial destiné à convertir l’univers tout entier à ce qu’ils appellent le Bonheur.

Les humains n’ont plus de nom propre mais des numéros, leur vie est réglée comme du papier à musique, heure du lever, heures de travail, autorisation écrite pour les rapports sexuels, etc. tout est consigné dans la Table des heures. Les appartements aux murs de verre, n’offrent aucune intimité sauf durant quelques heures codifiées elles aussi durant lesquelles on peut baisser les stores. Le « je » n’existe plus, seul le « nous » se doit d’être pour ces Numéros dont les existences sont structurées comme les mathématiques.

D-503 a une liaison codifiée avec O-30 et ils suivent avec application et ferveur les règlements, jusqu’au jour où il croise la route de I-330, une jeune femme délurée (elle boit et fume, ce qui est formellement interdit) et très mystérieuse qui va éveiller en lui des émotions insoupçonnées, l’entrainant dans une aventure hors norme pour cette société bloquée. Une révolution se prépare dans l’ombre…

Description effrayante d’un Etat totalitaire qui sous couvert d’offrir le bonheur à ses sujets en régissant toutes les activités humaines sans exceptions, les prive de leurs libertés individuelles. Quand le Bienfaiteur va lancer son projet ultime, celui qui assurera la bonheur absolument parfait, en éradiquant l’imagination des cerveaux par une petite opération chirurgicale, D-503 va devoir lutter entre tout ce en quoi il croyait et constituait l’essence même de sa vie, et cet avenir fou mais libre, qui se profile dans la mouvance de I-330 à laquelle il est désormais liée par amour.

Un bon roman mais qui parfois est un peu complexe à lire, ne serait-ce que parce qu’il est très difficile de visualiser certaines actions ou descriptions et que l’écriture, travaillée en ce sens, n’en rend pas le déroulé limpide.

 

« J’ai eu l’occasion de lire et d’entendre bien des choses incroyables sur les temps où les gens vivaient encore à l’état libre, c’est-à-dire inorganisé, sauvage. Mais ce qui m’est toujours apparu le plus incroyable, c’est ceci : comment le pouvoir d’alors – même embryonnaire – a-t-il pu admettre que les gens vivent sans l’équivalent de nos Tables, sans les promenades obligatoires, sans aucune régulation des heures de repas, qu’ils aient pu se lever et se coucher quand bon leur semblait ? Il paraît même, selon certains historiens, que, à cette époque, la lumière brûlait toute la nuit dans les rues, toute la nuit il y avait des passants et des voitures. »

 

Evegueni Zamiatine, Vladimir Nabokov, Ivan Bounine, Aldous Huxley, George OrwellEvgueni Zamiatine   Nous   Babel  - 238 pages -     

Traduit du russe par Hélène Henry