Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/09/2025

Scott Preston : Le Sang des collines

Scott Preston, Scott Preston est originaire de Windermere, au nord-ouest de l’Angleterre. Il a étudié la philosophie à l’université de Sheffield avant de travailler comme rédacteur publicitaire. Il est diplômé du programme d’écriture créative de l’université de Manchester et a obtenu un doctorat au King’s College de Londres. Son premier roman, Le Sang des collines, vient de paraître.

Bewrith, un bled perdu dans les collines de Cumbrie, un comté essentiellement rural du Nord-Ouest de l'Angleterre, très vaste et l'un des moins densément peuplés du pays. « Tous les habitants de Bewrith, deux cents âmes et des poussières, vous diraient qu’ils ne possèdent rien d’autre que le panorama et que ça leur va bien comme ça. » Ici on est berger de père en fils, alors quand la fièvre aphteuse frappe le coin, Steve, chauffeur routier, revient au pays aider son vieux père mais ne peut rien contre l’épidémie.

Ruiné, il accepte de bosser pour William Herne, qu’il a connu à l’école, devenu éleveur mais dont la rumeur locale se méfie, « ce vieux salopard était complétement taré, même qu’on l’a croisé un jour avec sa tête de voleur et d’assassin et qu’on n’a pas osé lui demander de s’arrêter. » Logé dans une cabane et nourri en guise de salaire, jusqu’à ce que William ne commence à l’embringuer dans des combines aussi louches que foireuses avec de redoutables zigotos…

J’en termine vite fait avec l’intrigue, il y aura un vol abracadabrant de plusieurs centaines de moutons, la tentative de vol d’un très gros paquet de fric à un gang de dealers pas commodes et le meurtre d’un flic ! Ce n’est pas cet aspect qui m’a le plus emballé dans ce roman.

Le point fort, c’est l’écriture de Scott Preston, sa connaissance parfaite et pointue du secteur, sa géographie typique, la faune, la flore, la météo, et vous saurez tout sur l’élevage des moutons selon leurs races.

Par contre ce qui est un peu déroutant, pour moi, c’est qu’on ne s’attache pas vraiment à Steve le narrateur. Un être assez faible, acceptant tout de William au point de se laisser entrainer dans ses coups foireux qui ne sont que galères sur galères et graves infractions à la loi c’est le moins qu’on puisse dire ! Sa vie sera maintes fois en jeu – mais comme on sait que le récit est fait de ses souvenirs, ça casse un peu le suspense. William est marié avec Helen et tous les trois se sont connus plus jeunes, le couple est désuni et on comprend que Steve a toujours lorgné la belle, une amitié ancienne les lie.

Ceci pour dire que le roman ne m’a pas semblé parfait mais il est néanmoins plus que prometteur pour un premier essai. Et vous vous régalerez de ses descriptions amoureuses de la région, vous sentirez le vent dans vos cheveux, la boue qui colle aux godasses, les bêlements des moutons, la fatigue des errances à travers ce paysage de cailloux… « J’ai essayé de descendre de cette montagne, et je commence à penser qu’il n’existe aucun moyen d’en sortir. »  

Un bon roman.

« Il paraît que plus on est en colère, moins on ressent d’émotions. Moi je l’ai ressentie. La colère. Les cicatrices sont encore là – celles que j’ai données et celles que j’ai reçues. Ce n’est pas une seule émotion parmi d’autres, c’est toutes en même temps. Je n’ai jamais été aussi triste ou heureux ou vivant que les fois où je fulminais. Et je vais vous dire mieux encore. Je ne le regrette pas. Ca permet d’agir. Pleurer, ça sert quand vous voulez que quelqu’un d’autre fasse les choses à votre place. Et je vous jure, assis dans ma bagnole, ce jour-là, j’étais Jésus. »

 

 

Scott Preston, Scott Preston   Le Sang des collines   Albin Michel  - 390 pages -    

Traduit de l’anglais par Paul Matthieu