06/05/2013
Paul Auster : Chronique d’hiver
Paul Auster est un écrivain américain né en 1947 à Newark, New Jersey, aux États-Unis. Une partie de son œuvre évoque la ville de New York, notamment le quartier de Brooklyn où il vit. D'abord traducteur de poètes français, il écrit des poésies avant de se tourner vers le roman et à partir des années 1990 de réaliser aussi quelques films. Marié puis séparé de l'écrivaine Lydia Davis, il s'est remarié en 1981 avec une autre romancière, Siri Hustvedt. Il a deux enfants également artistes, le photographe Daniel Auster et la chanteuse Sophie Auster. Chronique d’hiver vient de paraître.
On reconnaît un bon livre de Paul Auster à sa musicalité, du moins est-ce ainsi que je conçois son œuvre. Si la musique qui s’échappe des mots et des phrases sait charmer mon oreille, alors j’adhère à l’ouvrage. L’histoire n’est pas réellement importante, là n’est pas l’enjeu, c’est aussi pourquoi je ne conseillerai jamais un bouquin de Paul Auster à quelqu’un que je ne connais pas. Le lien entre l’auteur, son texte et le lecteur, est beaucoup trop fragile, intime et inexplicable pour être vanté à tous. Amis lecteurs, disons pour vous donner mon sentiment global, que la musique m’a happé dès les premières lignes de ce livre et que si, par-ci ou par-là au milieu du texte j’ai cru la perdre, ce ne furent que des instants fugaces.
Mais de quoi cet ouvrage est-il fait ? Ni autobiographie, ni mémoires, ni même un récit, confie l’écrivain dans un entretien au magazine Lire (mars 2013), « je voulais écrire quelque chose sur mon corps ». Et il vrai que le corps tient une part importante dans cette Chronique d’hiver. Que ce soit par son éveil à la vie, ses problèmes de santé ou encore par la mort de ses proches, comme sa mère décédée et longuement évoquée ici. Il aborde aussi ses origines juives, ses femmes et ses enfants, les lieux où il a habité, le terrible accident de voiture dont lui et sa famille se sont tirés indemnes par miracle, bref, même si Paul Auster le conteste, le lecteur y verra une autobiographie mais écrite avec beaucoup de style et d’élégance.
Le gros atout de ce livre, outre sa petite musique, c’est aussi sa forme d’écriture, puisque l’écrivain utilise le « tu » en permanence, ce qui peut se comprendre comme un dialogue entre l’auteur et son héros Paul Auster mais aussi astuce stylistique qui renforce le lien entre lui et ses lecteurs par un effet d’empathie accentué. Auster étant mon aîné de quelques années à peine, certains angles de sa vie me semblent familiers et ce « tu », donne alors l’impression qu’il s’adresse à moi en particulier. Belle trouvaille d’écrivain.
Sachez enfin que Chronique d’hiver est le premier volet d’un diptyque dont le second volet, déjà écrit mais non paru, s’appellera Report from the Interior et sera consacré à son aventure spirituelle et intellectuelle, ce qui théoriquement devrait être encore plus passionnant.
« Ce matin, tu te réveilles dans la pénombre d’une nouvelle aube de janvier, dans une lumière estompée, grisâtre, qui s’infiltre dans la chambre, et il y a le visage de ta femme tourné vers le tien, ses yeux clos – elle est encore profondément endormie, les couvertures remontées jusqu’au cou ne laissent apercevoir d’elle que sa tête, et tu t’émerveilles de la voir aussi belle, de la voir si jeune, même à présent, trente ans après la première fois que tu as dormi avec elle, après trente ans de vie commune sous le même toit à partager le même lit. »
Paul Auster Chronique d’hiver Actes Sud
Traduit de l’américain par Pierre Furlan
07:38 Publié dans BIOGRAPHIES, RECITS | Tags : paul auster | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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