07/11/2015
Peter Heller : Peindre pêcher & laisser mourir
Peter Heller collabore régulièrement à des magazines et est l’auteur de quatre livres de non-fiction sur la nature, l’environnement, le voyage, l’aventure. Il a été couronné par de nombreux prix. Bien qu’il soit new-yorkais, qu’il ait étudié dans le Vermont et le New Hampshire et qu’il vive aujourd’hui à Denver au Colorado, il a exercé de nombreux métiers tels que plongeur, maçon, bûcheron, pêcheur en mer, moniteur de kayak, guide de rivière et livreur de pizzas. Son second roman, Peindre pêcher & laisser mourir, vient de paraître.
Peintre en vogue, pêcheur ardent, Jim Stegner tombe dans un engrenage fatal le jour où, témoin accidentel, il prend la défense d’une petite jument maltraitée. C’est qu’il a le sang chaud, ce père en quête d’une sérénité à jamais perdue depuis que sa fille adolescente a été assassinée il y a trois ans. Du jour au lendemain, son quotidien vire à la course poursuite avec d’un côté, ceux qui en veulent à sa peau pour venger la mort d’un des leurs et de l’autre, la police qui semble jouer au chat et à la souris avec lui.
J’attendais beaucoup de Peter Heller tant son premier roman paru en 2013, La Constellation du chien, m’avait ébloui. Certainement trop car ce second roman m’a déçu. Ce n’est pas un mauvais bouquin, il s’inscrit même dans un genre qui m’est souvent cher, le roman américain type : pêche et nature sauvage, cadavres et police, héros jamais totalement innocent, fatum qui s’acharne malgré une quête de rédemption etc.
Dès les premières pages j’ai compris que ce livre ne serait pas au niveau du premier, mais enfin, ça débutait bien. Car il y a de bonnes choses, cette idée de narration sur trois niveaux si on peut dire, l’histoire brute, sa narration par Jim et son écho par le biais des tableaux qu’il peint, reflets de son subconscient. Il y a aussi de belles pages quand l’écriture transpire toute la tendresse d’un père pour sa fille morte, une présence toujours présente et qu’il imagine entendre lui parler. Le texte ne dit pas les choses tout de suite, elles se découvrent au fur et à mesure, plus on entre dans le roman plus la personnalité – loin d’être exemplaire – de Jim se révèle, son passé d’alcoolique, de violence déjà, contraste entre ses aspirations et ses actes.
Mais tout cela ne tient pas bien la route jusqu’au bout. Le « truc » des tableaux devient lourdingue et lasse, sans compter la présentation ambigüe des faits : on ne sait que peu de choses des « méchants » tandis que le narrateur (bien que criminel) est dépeint avec empathie, ce qui crée un malaise déplaisant pour le lecteur. La dernière partie du roman est aussi bien lourdingue et bavarde.
Je reconnais être dur avec ce livre qui ne le mérite peut-être pas réellement, mais je suis tellement déçu…
PS : Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi l’écrivain utilise à tort et à travers, la pratique du saut de ligne, double intervalle ? Surtout dans les dialogues ? Ca ne gêne pas la lecture, certes, mais c’est pour comprendre le but : faire un genre ? Intriguer ceux qui feuillettent les livres chez leur libraire ? Rendre le bouquin plus gros qu’il n’est ? Ce serait sympa d’éclairer ma lanterne, car j’aime bien comprendre les techniques d’écriture.
« Je suis resté allongé sur la couverture, nu, et j’ai pleuré. Pour le cheval. Qu’on déplaçait vers un autre lieu inconnu, où elle serait plus ou moins bien prise en charge par d’autres inconnus. J’ai pleuré pour moi, aussi, car j’avais l’impression de semer le trouble partout où j’allais. La violence qui semblait me suivre à la trace frappait sans aucun discernement et s’attaquait à tout ce qui m’entourait : chevaux, amis, voisins. J’ai pleuré. Bon sang, Jim, Irmina avait raison, il faut que tu te calmes, que tu répandes la paix autour de toi, pas le chaos. Pour la sécurité des uns et des autres. Comment a-ton pu en arriver là ? »
Peter Heller Peindre pêcher & laisser mourir Actes Sud - 380 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy
« … je me suis retrouvé ensuite à trainer dans le San Francisco Museum of Modern Art où j’ai vu un tableau de Winslow Homer prêté par Boston et intitulé The Fog Warning. Ca a été un choc. Le choc de ma vie. » (p.217)
08:03 Publié dans Etrangers | Tags : peter heller | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Mince ! J'ai beaucoup aimé La constellation du chien et, comme vous, j'avais hâte de lire le prochain !
Écrit par : Theoma | 07/11/2015
L’écueil du second roman ? Je tiens à le répéter, le bouquin n’est pas « mauvais », il est « décevant » ; le problème n’est donc peut-être pas chez Peter Heller mais chez moi…
Écrit par : Le Bouquineur | 08/11/2015
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