09/09/2018
Luke Rhinehart : Invasion
George Powers Cockcroft, né en 1932 à Albany dans l’Etat de New York, est un écrivain américain écrivant sous le pseudonyme de Luke Rhinehart. Eduqué dans une académie militaire, il débute comme professeur de littérature américaine à Long Island. Dans les années 1960, il part avec sa femme vivre au Mexique et dans d'autres pays d'Amérique du sud puis à Majorque en Espagne. Auteur d’une dizaine de romans, dont le fameux L’Homme-dé (1971), Invasion, son dernier ouvrage vient de paraître.
Billy Morton, marin pêcheur à Long Island est bien surpris quand il ramène dans ses filets une boule de poils qu’il prend tout d’abord pour un poisson poilu inconnu avant de devoir accepter la réalité, il s’agit d’un extraterrestre ! Passée la surprise, Billy, sa femme et leurs deux enfants, adopte cette gentille créature venue d’ailleurs et dont la seule ambition est de s’amuser. Mais s’amuser dans notre monde actuel, n’est-ce pas subversif ? En tout cas ce n’est pas du goût des autorités et les ennuis vont arriver en cascades pour le brave Billy et son nouveau pote, baptisé Louie…
Roman déjanté, histoire farfelue au possible, ce court résumé l’indique déjà clairement et si vous avez déjà lu Luke Rhinehart, ça ne vous étonnera pas. Je pourrais m’étendre sur l’intrigue mais ce serait peine perdue alors allons directement au cœur du bouquin. L’écrivain a opté pour l’humour et la rigolade pour s’attaquer sévèrement à ses compatriotes, à l’Amérique et ses institutions et plus largement au capitalisme. Ca dézingue à tout-va à travers moqueries et ironie (« Pendant son cours d’histoire des Etats-Unis, au moment où la maîtresse expliquait que les Amérindiens étaient tous morts brusquement de vieillesse… ») dont n’est pas avare Billy le narrateur.
Louie n’est pas seul de son espèce sur Terre, d’autres vont intervenir et rendre chèvre les agents des agence de renseignement américaines et le président. A contrario, ces extraterrestres revendiquant la rigolade comme unique but de leurs actions pacifiques mais néanmoins contraires aux lois (détournements de fonds et dérèglement de la machine économique) engendrent un mouvement populaire, les Pascequecérigolo (genre Anonymous ou Occupied Wall Street etc.), bref la petite boule de poils des débuts du roman s’avère graine d’une révolution.
Politique militaire et vente d’armes aux particuliers, économie américaine et profit comme religion, Etat Islamique, que sais-je encore, tout ce que vous lisez dans le journal est là, vu sous un angle très pamphlétaire par l’écrivain : contestation et subversion avec le sourire. Allant même jusqu’à prôner, démonstration à l’appui, non plus des élections par le vote mais par simple tirage au sort parmi tous ceux qui se présenteraient.
On sourit beaucoup, on rigole franchement parfois et j’étais parti pour vous vanter ce roman comme le plus amusant de la rentrée littéraire - ce qu’il est certainement d’ailleurs – (ceci-dit ce n’est pas, à priori, trop difficile non plus…) mais le sourire banane de la première page finit par se figer à la longue devant les ressorts humoristiques finissant par s’user avec ce bouquin bien trop long. Quel dommage ! Donc un bon roman mais qui aurait été excellent si Luke Rhinehart avait su le dégraisser.
« Si la pauvreté sévit en notre belle nation, a-t-il dit, c’est seulement parce que les impôts trop élevés restreignent la liberté de tous ces millionnaires qui triment avec tant d’acharnement. Je compatis sincèrement avec les souffrances des pauvres, c’est d’ailleurs précisément pour cette raison que j’ai consacré ma vie à accumuler le plus d’argent possible. Je me permets d’ailleurs de vous rappeler qu’il s’agit du devoir de tout bon citoyen américain. Je voulais que les autres puissent à terme, et indirectement, bénéficier de mes efforts pour m’enrichir. (…) Aider un autre être humain, aider votre prochain sans recevoir de compensation économique détruit les fondements de la libre entreprise et donc de toute notre existence. Ces gens-là veulent semer la ruine dans notre grand pays. »
Luke Rhinehart Invasion Aux Forges de Vulcain – 530 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Francis Guévremont
07:56 Publié dans Etrangers | Tags : luke rhinehart | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Voilà, je trouve le billet, passé inaperçu, quelle erreur de ma part!
Tout à fait d'accord, c'est jubilatoire, mais il y a quelques longueurs, particulièrement quand Billy n'est plus le narrateur. ceci étant, c'est à découvrir
Écrit par : k | 07/11/2018
Vous n’avez pas tort sur les quelques longueurs…. Et je le signale tellement souvent pour des tas de bouquins...
Écrit par : Le Bouquineur | 07/11/2018
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