30/08/2021
Kazuo Ishiguro : Klara et le soleil
Kazuo Ishiguro, né en 1954 à Nagasaki, est un écrivain et romancier britannique d'origine japonaise. Arrivé en Angleterre en 1960, ses parents ne pensant y rester que temporairement, ils préparent l'enfant à poursuivre le reste de son existence au Japon mais ce retour ne se fera pas. Ishiguro suit ses études de littérature et de philosophie dans les universités du Kent et d'East Anglia et il reste de manière définitive en Angleterre, vivant à Londres aux côtés de sa femme écossaise. L’écrivain a reçu le prix Nobel de littérature en 2017. Klara et le soleil, son nouveau roman, vient de paraître.
Si vous avez vu la série télé Real Humans ou lu Une Machine comme moi de Ian McEwan, vous ne serez pas trop dépaysés par ce roman, mais Kazuo Ishiguro place la barre plus haut et nous offre un livre extrêmement émouvant.
Klara est une androïde, de la série AA (Amie Artificielle), créée pour tenir compagnie aux enfants et adolescents. De sa vitrine, dans le magasin, elle observe les allées et venues dans la rue et attend qu’on veuille bien la choisir. Quand Josie, quatorze ans, entre avec sa mère, c’est le coup de cœur réciproque immédiat…
Très vite il apparaît que Josie souffre d’une maladie, non identifiée mais dont l’issue risque d’être fatale à plus ou moins long terme ; fatigue intense et embellie se succèdent. Sa mère, divorcée s’inquiète, de même que Rick, son petit ami et voisin. Klara veille au grain tout en observant avec précision tout ce qui se passe autour d’elle, tentant d’apprendre en accéléré tous les ressorts de l’âme humaine, les sentiments qui nous animent, pour servir au mieux et devancer les faits et gestes de Josie. Cet intense travail d’apprentissage qui fait du robot une quasi humaine va aboutir à une proposition désespérée de la mère de Josie…
Tout est magnifique dans ce roman et il n’est pas nécessaire d’être un devin pour lui prédire un fameux succès. L’écriture, ouatée, douce, sans élévation de ton mais tellement plaisante pour cela, plonge le lecteur dans la sérénité et que dire de la profonde empathie de l’auteur pour ses personnages. Le roman se déroule à une époque future mais pas si lointaine, différent peu de la nôtre à première vue, si ce n’est que régulièrement de petits détails ou situations dont on ne connaitra pas souvent la réelle signification, intriguent et inquiètent un peu sur ce dit futur ; tout du long, nous sommes intrigués. Ca c’est pour la forme.
Quant au contenu, il nous submerge par ses émotions. L’amitié mais surtout l’Amour est au centre de ce roman, l’amour dont Josie est la cible pour tous les acteurs : sa mère, son petit ami, Klara, la gouvernante, son père etc. Chacun l’aimant à sa manière ce qui rend pour Klara la tâche plus difficile pour décrypter la complexité du cœur humain « Cette chose qui rend chacun de nous spécial et unique ». Klara réduira, au-delà de ce qu’on pouvait imaginer de la part d’un robot, l’écart entre la machine et l’homme pour sauver Josie. Y parviendra-t-elle et à quel prix ?
D’autres thèmes se glissent dans ce livre magistral que tout le monde va lire, donc je n’insiste pas.
« Je perçus la lassitude dans la démarche du garçon AA, et je me demandai quelle impression cela faisait d’avoir trouvé une famille et de découvrir que l’enfant ne voulait pas de vous. Avant d’avoir observé ce duo, il ne m’était pas venu à l’esprit qu’un AA était capable d’accompagner un enfant qui le méprisait et souhaitait son départ, et qu’ils pouvaient néanmoins rester ensemble. Le premier taxi ralentit à cause du passage piétons, l’autre s’arrêta derrière et je ne vis plus la fille ni son AA. Je les guettai, pensant qu’ils allaient traverser avec la foule, mais je ne les aperçus nulle part, et maintenant tous les autres taxis me cachaient le trottoir d’en face… »
Kazuo Ishiguro Klara et le soleil Gallimard - 384 pages –
Traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch
07:00 Publié dans Etrangers | Tags : kazuo ishiguro, ian mcewan | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
Commentaires
Chouette, vous êtes enthousiaste. J'ai déjà noté ce roman dans les arrivages de la bibli.
Écrit par : keisha | 30/08/2021
Oui c'est un bon roman et il devrait faire l'unanimité. Comme quoi il y a quand même de belles choses dans la rentrée littéraire !
Écrit par : Le Bouquineur | 30/08/2021
J'hésite, j'hésite. Le sujet ne me plait pas mais Ishiguro, c'est indispensable! Avec ce genre de billet en plus... Je vais le lire. ;-)
Écrit par : Sibylline | 30/08/2021
Je ne sais pas trop quoi te dire : si le sujet te rebute c’est ennuyeux… Tout ce que je peux rajouter, c’est que c’est vraiment un bon livre, que je suis très curieux de savoir si quelqu’un va le critiquer négativement et qu’Ishiguro est un très bon écrivain comme tu le sais déjà…
Écrit par : Le Bouquineur | 31/08/2021
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