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15/01/2023

François Mauriac : Le Nœud de vipères

françois mauriacFrançois Mauriac (1885-1970), lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1926), membre de l'Académie française (1933) et lauréat du prix Nobel de littérature (1952) a été décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1958. Le Nœud de vipères date de 1932.

Le roman se déroule dans le Bordelais. Louis, ancien avocat, a accumulé de fortes richesses durant sa vie. Aujourd’hui, à soixante-huit ans il est mourant et il écrit une très longue lettre destinée à sa femme Isa qui a tout d’un réquisitoire. Se sentant cerné par des rapaces n’en voulant qu’à ses biens, il se lâche et accuse épouse, enfants et toute sa famille de tous les maux, prévoyant de se venger en les déshéritant tous, au profit de Robert, un fils illégitime qu’il ne connait d’ailleurs pas et qu’il qualifiera « d’abruti » plus tard. Son projet va être contrecarré par un évènement imprévu, le décès soudain d’Isa…

Un roman dans lequel j’ai eu du mal à entrer et qui, je l’avoue, m’a souvent ennuyé dans sa première partie.

Ce qui m’a rebuté au début : L’écrivain a choisi de rédiger son roman sous une forme épistolaire, Louis écrivant une longue lettre vengeresse. Des mots très durs, il y est question de haine obsessionnelle envers son épouse, pas moins. Une charge terrible qui arrose toute sa famille. Je me suis demandé ce qu’il fallait réellement croire, quand nous n’avons que le son de cloche d’un vieux mourant, de plus un avocat, habile professionnellement à fourguer sa vérité ?

On sait François Mauriac très fin analyste des âmes tourmentées et critique sévère de la bourgeoisie provinciale, ici il s’y adonne avec une rage folle. Si Louis est un terrible bourreau pour son entourage par son désintérêt envers eux, il s’avérera au fil de sa rédaction devenant confession, qu’il est lui aussi une victime, une victime de lui-même car se croyant incapable d’aimer, il contrariera sa nature profonde en ne se risquant pas dans cette voie durant sa vie. Un cercle vicieux, qui ruinera son couple d’où le choix de son épouse de mettre leurs enfants de son côté et lui de se sentir rejeté.

Je pourrais aussi évoquer la place occupée par l’argent tout au long du roman (« J’aime l’argent, je l’avoue, il me rassure »), les combines des uns et des autres pour n’en pas perdre une miette après le décès attendu de Louis. La religion n’est bien entendu jamais oubliée chez l’écrivain, Isa pratique, Louis non et ne se gêne pas pour le lui faire sentir. Pourtant, la fin de vie de Louis semble indiquer un changement d’état d’esprit.

Un roman très dense et moralement très dur, Mauriac nous plonge dans un effroyable marigot bourgeois avant de retenir sa charge en nous offrant un final rédempteur (« Il est vrai que j’ai été un monstre de solitude et d’indifférence »). J’ai eu du mal à l’entrée mais au fil de ma lecture ce sentiment négatif s’est mué en satisfaction.

 

 

« Oh ! ne crois pas surtout que je me fasse de moi-même une idée trop haute. Je connais mon cœur, ce nœud de vipères : étouffé sous elles, saturé de leur venin, il continue de battre au-dessous de ce grouillement. Ce nœud de vipères qu’il est impossible de dénouer, qu’il faudrait trancher d’un coup de couteau, d’un coup de glaive : « Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. » »

 

 

françois mauriacFrançois Mauriac   Le Nœud de vipères   Le Livre de Poche   - 260 pages -   

Commentaires

Je te rejoins sur le fait que "l'unilatéralité" du témoignage fait que l'on doute souvent non tant de sa véracité que de son objectivité (je l'avais noté sur mes brouillons, mais n'ne ai pas reparlé dans mon billet).
J'ai vraiment aimé cette (re)lecture, mais j'aime beaucoup Mauriac en général, pour son trait noir et féroce. Sa forme épistolaire fait sans doute que "Le nœud de vipères" est en effet un peu moins "efficace" que certains de ses autres titres, ce qui explique peut-être ta difficulté à y rentrer..

Écrit par : Ingannmic | 15/01/2023

J’ai une dette énorme envers Mauriac, évoquée lors d’un précédent billet pour l’un de ses romans : dans ma jeunesse, disons les années 1968, l’écrivain passait pour réactionnaire et n’était pas bien vu dans mon cercle de connaissances et presse que je lisais. Je l’avais donc ignoré. Il y a une dizaine d’années, la sagesse m’étant venue, j’ai ouvert un de ses bouquins, une claque !
Depuis dès que l’occasion se présente, je le lis et tente de le faire savoir : François Mauriac est un grand écrivain !

Écrit par : Le Bouquineur | 15/01/2023

Tu quoque!
Mauriac ne mérite pas d'être oublié; je suis d'accord avec toi, la première partie est assez ennuyeuse.

Écrit par : keisha | 15/01/2023

A la réflexion je ne suis plus certain que « ennuyeux » qualifie bien la première partie. Disons qu’elle m’a beaucoup surpris désagréablement tant le personnage est assez ignoble. Le lecteur n’a pas le temps d’entrer dans le roman, il y est précipité ! Mais pour la construction générale du récit c’est assez logique et très fort.
Je n’ai pas fini de lire du Mauriac tu peux me faire confiance !

Écrit par : Le Bouquineur | 16/01/2023

Juste pour t'informer que la LC de Marcel Aymé a été reportée au 12 juin (au lieu du 10 juin) !

Écrit par : Ingannmic | 18/01/2023

Merci ! Il n'est pas question que je rate cette bonne occasion de lire un livre d'Aymé !

Écrit par : Le Bouquineur | 18/01/2023

Les commentaires sont fermés.