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09/01/2025

Hunter S. Thomson : Gonzo Highway

Hunter S. Thomson, Hunter Stockton Thompson (1937-2005) est un journaliste et écrivain américain qui a popularisé le principe de « journalisme gonzo ». Le journalisme gonzo, ou journalisme ultra-subjectif, est à la fois une méthode d'enquête et un style d'écriture journalistique ne prétendant pas à l'objectivité, le journaliste étant un des protagonistes de son reportage et écrivant celui-ci à la première personne. Ce que Thomson résume ainsi : « Le reportage gonzo allie la plume d'un maître-reporter, le talent d'un photographe de renom et les couilles en bronze d'un acteur. » En France, une tendance analogue, tirant elle aussi vers une forme de littérature au style vivant, a été utilisée dès les années 1960. Elle sera appelée le « nouveau journalisme » dans les années 1970 à la suite de la publication d'une anthologie d'articles du genre sélectionnée par Tom Wolfe incluant Truman Capote, Hunter S. Thompson, Norman Mailer et le journaliste spécialisé dans le rock Robert Christgau.

Gonzo Highway, qui vient d’être réédité, est un recueil de lettres de Hunter S. Thompson publié en mai 2005. Une correspondance qui couvre deux périodes, 1955-1967 et 1968-1976. Des dizaines et des dizaines de lettres, adressées à mille personnes différentes et autant de sujets abordés, donc impossible des toutes les citer, ni même d’en faire une sorte de synthèse véritable. Le seul résumé qui me vient à l’esprit immédiatement, c’est que si l’écriture est une arme, Hunter S. Thomson état sacrément équipé !

Je connaissais l’écrivain « Taille : 1 m 90 ; âge : 25 ans. Convictions politiques : opposé à Nixon, à Norman Mailer & à George Lincoln Rockwell. Libéré des obligations militaires. Religion : indécis. », ayant lu ses principaux romans, mais en théorie je ne suis pas grand fan des « correspondances » qui m’ennuient assez vite, pourtant, là j’en tombe à la renverse, c’est carrément incroyable ! Limite génial ? L’écrivain a une telle faconde, un tel aplomb pour ne pas dire un culot monstre, fort d’une mitraillette à mots prête à dézinguer à droite et à gauche, que le lecteur en reste baba d’ahurissement et avouons-le, se bidonne tout du long.

Plongeons-nous dans ces courriers, cet océan de lettres qu’il envoie à tout le monde, de son dentiste ou sa petite amie, aux hommes politiques, écrivains ou directeurs de journaux, voire son banquier pour se plaindre de la couleur de son chéquier ! etc. Ces lettres dessinent en creux la situation de Thomson au moment où il les écrits, ses galères à la recherche d’un job, son manque d’argent, les conflits qu’il doit gérer avec tel ou tel… L’avancement dans son travail d’écrivain, la plongée in vivo dans le monde des Hell’s Angels pour le roman qu’il en tirera (y compris un cassage de gueule !), ses différents avec le monde de la presse, trop souvent plan-plan à ses yeux, ses voyages/reportages en Amérique du Sud là où ça craint (Colombie…). Hunter va se présenter à l’élection pour être shérif (il sera battu de peu) et certains le verraient au Congrès.

Hunter vitupère, hurle sa rage, ne manque pas de bon sens néanmoins et est assez visionnaire quant à l’avenir (le mouvement Hippie de San Francisco…).

Certaines lettres (beaucoup ?) commencent par ce genre de termes fleuris « Espèce de bâtard répugnant, suceur de putois ! » Ca vous donne le ton général. A Lyndon Johnson, en 1965, il crache son mépris pour sa politique au Vietnam et voit juste : « les conséquences qui en découleront seront pire encore. » Ses interlocuteurs sont rarement à la hauteur de sa verve, mais parfois, l’un d’eux conclut sa missive avec ironie « j’aime toujours garder le contact avec des jeunes gens submergés d’humilité et de timidité. »

Stop. On pourrait écrire un bouquin complet de commentaires sur ce livre. Sachez qu’il est génial et marrant tout en peignant aussi bien le genre de mec qu’était Thomson que l’Amérique dans laquelle il a vécu et s’est débattu. Un grand incompris ?

 

« L’essentiel de mon expérience relève du journalisme sportif, mais je peux écrire de tout, de la propagande belliciste à la critique littéraire érudite. Je suis capable de travailler vingt-quatre heures par jour si nécessaire, de vivre sur la base d’un salaire raisonnable, et je me fiche comme de ma première chemise de la sécurité de l’emploi, des bonnes manières en vigueur au bureau et du qu’en-dira-t-on. Je préfère être au chômage plutôt que travailler pour un canard m’inspirant de la honte. »  [Lettre de motivation pour un poste de journaliste. 1958.]

 

 

Hunter S. Thomson, Hunter S. Thomson   Gonzo Highway   Folio  - 630 pages -  

Traduction de l’anglais (Etats-Unis) et postface de Nicolas Richard

Commentaires

J'ai encore piqué ton lien pour le challenge des bonnes nouvelles. Si tu es d'accord, tu le trouveras dans le récapitulatif ici : https://jelisjeblogue.blogspot.com/p/bonnes-nouvelles-2025.html

Écrit par : je lis je blogue | 09/01/2025

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Tu peux prendre le lien de tous mes billets, pas de problème !
Par contre, « Gonzo Highway » n’est pas un recueil de nouvelles, ce sont des lettres, des courriers. Certes, ce sont de petits textes, mais pas des nouvelles à mon avis. Mais tu fais comme tu veux bien entendu…

Écrit par : Le Bouquineur | 09/01/2025

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