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02/06/2025

G.K. Chesterton : Le Nommé Jeudi

G.K. Chesterton, Lewis Carroll, Kafka, Jorge Luis Borges, Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), est un écrivain anglais. Son œuvre est d'une grande variété, il a été journaliste, poète, biographe et apologiste du christianisme. En tant qu'auteur de romans policiers, il est surtout connu pour la série de nouvelles dont le personnage principal est un détective en soutane, le père Brown. Roman paru en 1908, Le Nommé Jeudi vient d’être réédité.

Londres à l’époque victorienne. Gabriel Syme, un poète et philosophe se revendiquant « poète de la Loi, le poète de l’Ordre », est recruté par une section secrète de Scotland Yard afin d'infiltrer un groupe anarchiste qui planifie des attentats en Europe et prochainement d’assassiner le Tsar de Russie qui doit venir à Paris pour rencontrer le président de la République. Le groupe anarchiste est dirigé par un conseil de sept hommes, sous la houlette d’un homme énorme, au charisme indiscutable autant qu’effrayant. Lui se fait appeler Dimanche, « certains de ses admirateurs ajoutent Dimanche de sang » et chaque membre du conseil porte le nom d’un jour de la semaine, Syme se voyant affubler de celui de Jeudi. L’intrigue va prendre un tour singulier quand notre poète va démasquer un à un ses collègues du conseil, chacun étant aussi un policier infiltré !

Ce roman s’apparente au genre « thriller métaphysique dont l'intrigue se présente sous la forme d'une allégorie chrétienne » et c’est pas mal du tout.

Le récit associe paradoxe, humour, absurdité et réflexion philosophique à un rythme soutenu digne des meilleurs romans d’aventures et de mystères. Paradoxes comme « L’assassin même respecte la vie humaine : c’est pour se procurer une vie plus intense qu’il supprime son semblable » ; humour, « Il se demanda pourquoi le pélican est le symbole de la charité : peut-être à cause de la charité qu’il faut pour admirer un pélican » ; absurdité quand lors d’une longue poursuite échevelée finale entre les détectives et Dimanche, celui-ci enfourche un éléphant du zoo pour une cavalcade dans Londres ! Un bouquin qui n’a rien de tristounet bien au contraire.

La part plus sérieuse du roman qui filtre à travers cet invraisemblable scénario qui déjà met à mal la compréhension du réel et du faux, explore la lutte entre l'ordre et le chaos (détectives et anarchistes) pour aborder les notions de société et de morale qui elles-mêmes nous entrainent vers la foi et la raison (d’où l’allégorie chrétienne), le Bien et le Mal jamais très simples à dissocier.

Moi j’ai beaucoup aimé ce livre et pour vous inciter, peut-être, à le lire, j’emprunte à Wikipédia cette conclusion : « Ce roman est considéré comme une œuvre charnière du XXe siècle, entre les fantaisies absurdes de Lewis Carroll et les cauchemars fantastiques de Kafka et Jorge Luis Borges. » De belles références, non ?

 

« - Ecoutez-moi ! s’écria Syme avec une énergie extraordinaire : je vais vous dire le secret du monde ! Nous voyons tout par-derrière, et tout nous paraît brutal. Ceci n’est pas un arbre mais le dos d’un arbre ; cela n’est pas un nuage, mais le dos d’un nuage ! Ne comprenez-vous pas que tout nous tourne le dos et nous cache un visage ? Si seulement nous pouvions passer de l’autre côté et voir de face ! »

 

 

G.K. Chesterton, Lewis Carroll, Kafka, Jorge Luis Borges, G.K. Chesterton   Le Nommé Jeudi   Gallimard L’Imaginaire   - 281 pages -   

Traduit de l’anglais par Jean Florence

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