08/09/2025
Philip Roth : Laisser courir
Philip Milton Roth (1933-2018) écrivain américain, auteur d'un recueil de nouvelles et de 26 romans est l’un des plus grands écrivains de son siècle. Premier roman de l’écrivain, Laisser courir, date de 1966.
Dans les années 1950, entre New York et Chicago principalement. Philip Roth dresse le portrait de plusieurs personnages dont les vies vont se croiser et s’entrecroiser au cours d’un récit dense et complexe, un pavé particulièrement épuisant à lire.
Dieu, que j’aime Philip Roth ! Et il fallait bien que je porte cet écrivains aux nues pour me lancer dans ce bouquin interminable, l’un des deux que je n’avais pas encore lus de cet écrivain.
Esquissons le portrait des principaux acteurs : Gabe Wallach, est un jeune écrivain en devenir, professeur de littérature. Sa mère est morte et son père le réclame sans arrêt. Un esprit tourmenté par l’idéalisme, cherchant à marier aspirations intellectuelles et désirs personnels, ce qui le place plus souvent qu’à son tour dans des situations insoutenables. Paul Herz, est un étudiant brillant mais pas très stable, « il n’était pas un homme de sentiment ; il découvrait que, s’il était quelque chose, il était un homme de devoir. »
Bien entendu, il y a aussi des femmes. Libby, épouse de Paul, dont la grossesse et la santé mentale deviendront centrales dans l’intrigue. Martha Reganhart est fragile, marquée par la mort de son père et par une relation compliquée avec sa mère. Mère célibataire avec trois enfants, elle sera un certain temps compagne de Gabe.
Le roman explore les relations amoureuses et d’amitié qui lient ces personnages entre eux pour traiter des thèmes comme accepter la perte, le changement et l’imperfection de la vie, en somme la difficulté à laisser courir. Plusieurs personnages confrontés à la mort ou à la séparation devront apprendre à vivre avec ces absences. Pris entre le désir de liberté et les responsabilités, ils hésitent, ne savent sur quel pied danser, ce qui afflige Gabe, « Quand il avait le droit, il ne semblait pas capable de rassembler la force nécessaire ; quand il avait la force, il ne savait pas s’il avait le droit, ce qui anéantissait les forces qu’il pouvait avoir. » Ajoutons à leur prises de tête des relations amoureuses souvent/toujours conflictuelles, marquées par la jalousie, la possession ou l’incapacité à communiquer. Et comme toujours chez Roth, exploration de la quête d’identité à travers le prisme de la communauté juive américaine.
Un roman qui annonce déjà les grands thèmes de son œuvre à venir, mais là, c’est vraiment trop long et ses acteurs bien trop pénibles à supporter… D’avoir été jusqu’au bout de ce livre me vaudrait bien un prix Nobel de la persévérance s’il existait.
« Il avait essayé d’être raisonnable avec tout le monde mais c’était des gens déraisonnables qui exigeaient des choses et il continuait à croire qu’on profitait de lui. Et ce qu’on exigeait d’eux n’était pas raisonnable. Il essayait pourtant d’être fidèle à lui-même… Alors d’un côté il continuait à croire qu’on profitait de lui ; d’un autre, il voyait en quoi il n’avait pas été assez sauvage. Et il ne pensait pas qu’il pourrait jamais l’être, car il n’avait pas l’air de savoir comment. Ou bien l’avait-il été quand même ? Il tournait en rond… »
Philip Roth Laisser courir Folio - 900 pages –
Traduit de l’américain par Jean Rosenthal
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : philip roth | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
Commentaires
Écrit par : Cath L | 08/09/2025
Répondre à ce commentaireÉcrit par : Le Bouquineur | 08/09/2025
Concernant Philip Roth: je connais son nom bien sûr, mais je n'ai encore jamais rien lu de lui. J'ai bien noté qu'il faut de la persévérance pour aller au bout de Laisser courir, je commencerai peut-être par un roman plus court voire une nouvelle...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Écrit par : tadloiducine | 08/09/2025
Répondre à ce commentaireÉcrit par : Le Bouquineur | 08/09/2025
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