Verbatim

« J’ai peine à croire que je puisse être le père d’un tel dégénéré. Figure-toi que ce misérable enfant, non content d’accumuler des places de premier dans ses compositions, affiche des goûts poétiques scandaleux : Malherbe, Ronsard, autant de fantômes anachroniques dont je n’ai jamais lu une ligne, et je m’en flatte. Le dimanche et le jeudi, ce personnage se rend dans les bibliothèques pour parfaire sa culture (comme un navet qui irait se jeter dans l’engrais pour mieux pousser).

« Ainsi Melba achevait-il Genitrix dérobé chez des cousins de sa mère. Le titre, à lui seul, lui avait paru d’une obscénité rassurante. Mais la première page ne comportait pas de gros mots, ni même aucun de ces termes scientifiques plus révoltants encore. Et on ne couchait pas non plus dans la page deux. Il posa le volume avec rancune. A quoi se fier ? »

Roger Nimier   Perfide

 

« C’est pourquoi aucun livre récent ne nous satisfait autant que ceux qu’on nous lisait quand nous étions enfants – car ces derniers promettaient un monde d’une grande simplicité dont nous connaissions les règles, mais les livres suivants se révèlent complexes et contradictoires de par leur expérience. »

« Je me souviens que j’aimais beaucoup les livres sur les explorateurs en Afrique – Stanley, Baker, Livingstone, Burton, mais de nos jours les explorateurs n’ont plus grand-chose à explorer. »

Graham Greene  Le Ministère de la Peur