06/11/2025
Graham Greene : Le Ministère de la Peur
Henry Graham Greene (1904-1991 est un écrivain et scénariste britannique. Il a écrit des romans, des nouvelles, des récits de voyages, des essais et des critiques dans lesquels il explore les dilemmes inhérents à la condition humaine, l'ambivalence morale et politique du monde moderne et s'interroge sur le catholicisme. Après ses études, il se lança dans le journalisme après avoir été espion au service du MI6 britannique. Il devint catholique en 1926 afin de se marier. Le Ministère de la Peur, roman d’espionnage publié en 1943, vient d’être réédité dans une nouvelle traduction.
Londres pendant le Blitz, la campagne de bombardements durant la Seconde Guerre mondiale menée par l'aviation allemande contre le Royaume-Uni du 7 septembre 1940 au 11 mai 1941. Arthur Rowe, ancien journaliste vivant dans un meublé, est un homme solitaire et tourmenté par son passé tragique, il a tué sa femme malade par compassion, assiste à une kermesse. Là, il gagne un gâteau en en devinant le poids, mais très vite les organisateurs du concours veulent lui reprendre sous un motif fallacieux et ensuite, une dernière tentative a lieu au domicile de Rowe, mais la tentative d’empoisonnement le visant échoue à cause d’un bombardement qui détruit l’immeuble. L’inconnu est tué, Rowe devient amnésique et s’enfuit, la police à ses trousses le croyant coupable du meurtre de l’inconnu…
Le titre du roman désigne l’organisation de chantage mise en place par les Nazis pour enrôler des agents dans les pays où ils disposaient de réseaux. Le gâteau comme il est aisé le comprendre, contenait un microfilm avec des secrets militaires et Rowe se retrouve impliqué dans un réseau d’espionnage et de trahison avec ses intrigues, ses meurtres et ses manipulations où il est difficile de distinguer les alliés des ennemis, comme cette Anna Hilfe, autrichienne, qui semble à la fois le protéger et le manipuler.
Evacuons immédiatement ce que je n’ai pas aimé, le style d’écriture de l’écrivain, qui n’en a jamais fait l’un de ceux que je vénère particulièrement. Par contre j’ai aimé la sensation de mystère qui plane durant tout le récit, le lecteur a du mal à suivre ce qui se passe car vont se mêler, l’écriture abrupte et heurtée de Greene avec ses raccourcis et ses ellipses qui désarçonnent, les embrouilles inhérentes à l’intrigue, la mémoire défaillante de Rowe qui, un temps, va s’appeler Richard Digby quand il sera séquestré dans une clinique psychiatrique etc. Un joli bazar mais c’est le point fort du roman.
Le long final me laisse par contre moins convaincu, difficile pour moi, de croire à la psychologie des acteurs et leurs longues scènes de blablabla entre Rowe et le détenteur du microfilm…
Graham Greene, avec cet ouvrage, traite de la culpabilité et de la rédemption à travers son héros hanté par son passé, cherchant à se racheter dans un monde en plein désarroi et gagné par la peur (« Il participait enfin à l’effort de guerre »). Une peur personnelle, pour Rowe, et collective, causée par la guerre. Peur elle-même à l’origine de l’ambiguïté morale des acteurs où les motivations sont souvent troubles et les loyautés incertaines. Bref, un roman où l’action sert de prétexte à une exploration des tourments intérieurs de l’homme.
Conclusion, pas mal. Point.
« « Je commence à en avoir assez de jouer au chat et à la souris », dit-il. « Nous ne savons pas s’il est là-dedans. Ils nous font peur avec des grincements de porte et l’obscurité. » Il céda soudain à une légère panique. Il cria : « Entrez, entrez. Ne prenez pas la peine de frapper », mais personne ne répondit. Furieux, il ajouta : « Ils se sont trompés de personne. Ils croient pouvoir tout obtenir par la peur. »
Graham Greene Le Ministère de la Peur Flammarion - 377 pages -
Nouvelle traduction et postface de Claro
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : graham greene | Lien permanent | Commentaires (0) |
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