18/05/2014
Julian Barnes : Une fille, qui danse
L’écrivain anglais Julian Barnes est né à Leicester en 1946. Après des études de langues et de littérature à l'Université d'Oxford, il travaille comme linguiste pour l'Oxford English Dictionary. Il entreprend une carrière de journaliste avant d’entamer une carrière d’écrivain. Il écrit aussi des romans policiers sous le pseudonyme de « Dan Kavanagh ». Julian Barnes est le seul écrivain étranger à avoir été primé à la fois par le Médicis (en 1986 pour Le Perroquet de Flaubert) et le Femina (en 1992 pour Love, etc.). Une fille, qui danse est paru en 2013.
Tony, la soixantaine, a pris sa retraite. Il a connu une existence assez terne à l’image de son mariage. Jeune homme, il a beaucoup fréquenté Veronica, mais ils se sont éloignés l’un de l’autre. Apprenant un peu plus tard qu’elle sortait avec Adrian, le plus brillant de ses anciens camarades de fac, la colère et la déception lui ont fait écrire une lettre épouvantable aux deux amoureux. Peu après, il apprendra le suicide d’Adrian. Pourquoi Adrian s’est-il tué ? Quarante ans plus tard, le passé va ressurgir, imprévu, par le biais d’un courrier provenant d’un notaire, un testament aux motivations difficile à comprendre.
Roman en deux parties, celle de la jeunesse et de l’apprentissage de la vie, présentant les personnages du roman, enfin la seconde, alors que notre héros devenu retraité vit séparé de sa femme, entretient des rapports distants avec sa fille et va se retrouver plongé dans son passé quand un notaire lui annonce qu’il hérite d’une petite somme d’argent et du journal intime d’Adrian.
Julian Barnes nous fait partager ses interrogations sur le rôle de la mémoire dans nos vies, ses paradoxes comme sa complexité, « Combien de fois racontons-nous notre propre histoire ? Combien de fois ajustons-nous, embellissons-nous, coupons-nous en douce ici ou là ? » A la faveur de faits nouveaux qui se dévoileront petit à petit, Tony se voit contraint à l’introspection et découvrir une part de lui-même qu’il croyait enfouie à jamais. L’écrivain, à l’écriture délicieuse faite d’un humour discret, ne manque pas aussi de peindre les traits de caractères de l’adolescence et l’apprentissage du sexe dans les années 60 qui nous valent d’amusants passages – convenus – mais toujours très bien racontés par les écrivains britanniques.
L’auteur ajoute à son ouvrage, pour notre réflexion, quelques paradoxes sur l’Histoire, « l’histoire qui se déroule sous notre nez devrait être la plus nette, et pourtant c’est la plus trouble » et aborde le thème de la responsabilité, « Commencez par vous dire que vous êtes le seul responsable, dès lors qu’il n’y a pas de preuve flagrante du contraire. » Comme l’écrivain n’est pas le premier venu, il incorpore dans la construction de son roman une dose de suspense, au fur et à mesure de la lecture on pressent un coup de théâtre final, et nous ne sommes pas déçus !
« Si je peux me permettre une brève leçon d’histoire : la plupart des gens n’ont pas fait l’expérience des Sixties avant les années soixante-dix. Ce qui signifie, logiquement, que la plupart des gens vivant dans les années soixante faisaient encore l’expérience des années cinquante – ou, du moins, de bribes de ces deux décennies côte à côte. Ce qui embrouillait pas mal les choses. »
Julian Barnes Une fille, qui danse Folio – 212 pages –
Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin
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